Le monde de la presse a eu droit à la projection du seul fim burkinabè en compétition long métrage pour l’Etalon d’or de Yennenga. Ce fut au Centre national de presse Norbert Zongo le mercredi 1er mars, dans une salle qui a refusé du monde.

C’est en posture debout que, après avoir difficilement accédé à la salle, nous avons suivi, non pas sans peine, le film que l’on dit le plus attendu de cette 28e édition du FESPACO. Il a manqué de places comme on pouvait s’y attendre au regard de l’engouement constaté lors de la grande première la veille au Ciné Neerwaya. Pour une projection réservée à la presse, c’est plutôt un public très hétérogène qui s’est mobilisé en cette matinée.

Apolline Traoré, la réalisatrice du film- ©JA

L’histoire fraîche de Sira

« Allah n’entend pas nos prières. On doit se débrouiller toutes seules », voilà ce qu’a dit Sira aux autres jeunes filles détenues par les terroristes. Cela sonne comme une détresse qui alimente l’esprit de révolte chez ces infortunées pour se libérer de ces hommes qui les utilisent pour assouvir leurs désirs charnels. Comment s’est-elle retrouvée à vivre une telle tragédie, la belle Sira ?

L’affiche du film

Dans un contexte où les terroristes sévissent, Sira et sa famille traversent le désert à destination d’un village où elle devait épouser Jean-Sidi, son fiancé. Un groupe de terroristes sema la mort dans sa tribu, tuant son père et tous les autres hommes.

Enlevée, violée et abandonnée dans le désert par Yéré, le chef terroriste, Sira se bat pour survivre quand elle tomba sur le camp d’entrainement de ceux qui les ont attaqués. Là, elle découvrit que Moustapha, l’ami de son père, pris pour mort dans ladite attaque, est complice des terroristes ; pire, il en est le numéro 2 du camp.

De là naît la révolte, une révolte vraisemblablement insensée d’une jeune fille enceinte de son violeur, qui peine à trouver de quoi se nourrir, seule dans une grotte en plein désert. Et pourtant, malgré tout, elle arrivera à ses fins. Mais comment ? Que fera-t-elle de son bébé, souvenir vivant de violation de sa dignité ? La réponse, c’est dans les salles de ciné quand viendra la programmation après le FESPACO.

L’actrice Nafissatou Cissé (Sira) et Apolline Traoré répondant aux questions à la presse- ©JA

Les messages de « Sira » : un cri, un hommage, un espoir

Dans ce long métrage qui a suscité des salves d’applaudissements, souvent en saccades, Appoline Traoré touche du doigt la douloureuse actualité des pays sahéliens dont le Burkina Faso sa patrie. La réalisatrice plonge le spectateur dans de vives émotions partagées entre tristesse, compassion, colère, …

Ce film est un cri des populations en souffrance, un hommage aux combattants qui donnent leur vie dans les champs de tirs ; c’est aussi un hymne à l’espoir. Un espoir incarné par l’actrice principale Sira, de son vrai nom Nafissatou Cissé qui a fait montre d’une résilience à toute épreuve.

A travers le personnage de Sira, Apolline Traoré a voulu mettre en avant l’image de la femme dans la guerre que le terrorisme impose aux populations. « Quand on parle des femmes, elles sont victimes, dans les camps des déplacés. Il était utile de montrer comment les femmes participaient dans cette lutte activement et pas seulement comme des victimes », a-t-elle expliqué.

Si conquérir le cœur des cinéphiles peut être considéré comme un défi relevé, être le choix du jury pour l’Etalon d’or reste le plus grand espoir que nourrit le public pour « Sira ». « C’est une compétition, il faut respecter le choix du jury », souligne la réalisatrice, qui reconnait qu’elle en perd sommeil, tant la pression est forte à propos de ce prix encore jamais remporté par une femme. Cette 28e édition sera-t-elle la bonne ? Au soir des récompenses, on le saura.

Davy Soma