Directeur pays Sahel Cluster (Burkina, Mali, Niger) pour le compte de Friesland Campina, Boureima Maiga est un talentueux marketeur qui a fait son passage dans plusieurs entreprises cotées de la sous-région. Devenu spécialiste des ventes, son parcours n’a pas toujours été sans difficultés. Il évoque son vécu, ses erreurs et les leçons qu’il en a tirées.

Humilité et respect des autres quel que soit leur rang, sont des valeurs qui ont servi à diriger Boureima MAIGA durant son parcours. A ces valeurs citées plus haut, il y a joint l’intelligence émotionnelle qui lui a permis de s’adapter à divers environnements.   Né d’une mère griotte qui s’est occupée de lui et de ses frères grâce à la gentillesse et la bonté de la communauté dans laquelle ils vivaient, l’actuel marketeur n’a pas connu des débuts faciles. Pour se former, Boureima MAIGA a dû trimer et user de stratégies car il a eu des difficultés à payer sa scolarité quand il voulait obtenir son Brevet de Technicien Supérieur à l’époque. « Je suis reparti à Abidjan où j’avais obtenu mon baccalauréat après l’année invalidée (1999-2000) au Burkina Faso. Les moyens financiers de ma mère étaient limités et la scolarité coûtait 450 000 FCFA l’année, alors que j’avais deux années à faire. J’ai donc dû faire appel à certains aînés de mon quartier (vigiles, couturiers, libraires, gérants de maquis, employés du port…) afin qu’ils contribuent chaque mois pour que je puisse réunir le montant. J’ai également négocié avec l’administration de l’école pour payer par échéance », raconte-il. Au niveau professionnel, comme plusieurs cadres d’entreprise, il a connu cette traditionnelle difficile collaboration entre les employés des services marketing et des ventes. Pour surmonter cela, l’homme a respecté les standards de fonctionnement des manuels de procédures car selon lui, il faut toujours être ‘‘Compliance’’, c’est-à-dire conforme aux procédures et également produire des résultats.

Tirer leçons de ses erreurs pour s’améliorer

En 2006, lorsque qu’il a quitté son poste de chef de publicité pour rejoindre le call center comme téléconseiller à Celtel, actuel Orange Burkina, il ne s’imaginait pas vivre des situations qui font appelle au contrôle de soi. « J’ai reçu une plainte d’un client qui a insulté mes géniteurs. J’ai manqué à ce moment-là de self-control si bien que j’ai usé d’un accès non autorisé sur mon logiciel pour bloquer tous les appels du client. Le lendemain, toute l’administration était en ébullition car le numéro d’un client avait été bloqué par un agent du call center. Lors du briefing, j’ai pris mes responsabilités et j’ai informé mon superviseur que j’en étais l’auteur. C’était une dame qui me vouait un respect inouï au regard de mon respect envers les autres malgré mon expérience dans le marketing. Elle a été professionnelle dans la sanction car Celtel était une compagnie qui mettait le client sur un piédestal ». C’est une expérience malheureuse dont il a tiré de grands enseignements qui lui ont servi dans la construction de sa carrière.  Les erreurs n’étant pas identiques et uniques, il a été plus tard confronté à un manque d’intelligence émotionnelle face à un de ses patrons qu’il recevait pour la première fois au pays. Le jeune responsable des ventes n’avait pas pris les informations nécessaires sur son visiteur pour mieux orienter la visite notamment sur son profil psychologique et sur ses goûts. Il s’est alors contenté d’une gestion du bureau, du terrain et de son hôtel. Mais n’avait prévu aucune visite de site touristique, de découverte d’art culinaire du pays et aucun présent pour sa famille comme souvenir de sa visite au Burkina. Selon lui, il a manqué d’intelligence émotionnelle si bien que ses relations avec son patron de l’époque ne sont restées que professionnelles jusqu’à son départ de la compagnie.  Pour ce qui est du manque de self control, Boureima MAIGA a opté pour la théorie de la sublimation qui consiste à se dire que tout est positif, tout est gai et bon. Cet état d’esprit l’a amené à accepter les situations les plus difficiles et à conduire sereinement sa carrière. Pour le second volet relatif à l’intelligence émotionnelle, la conséquence a été plus relationnelle car il n’avait pas su mettre en pratique cette maxime qui dit, jamais deux fois pour faire une bonne première impression. Par la suite, il a été coaché par son line manager et une résolution est née : les compétences techniques doivent être accompagnées de soft skills. « Avoir toujours son self-control et se conformer aux règles et procédures de l’entreprise pour laquelle on travaille. Il faut aussi mieux connaitre ses stakeholders (collaborateurs internes comme externes) et faire preuve de tact et de subtilité dans les interactions avec eux », conseille-t-il. Pour Boureima MAIGA, le respect des différents collaborateurs et l’humilité d’apprendre et de partager sont très importants. La passion du travail et l’acquisition de compétences humaines, linguistiques et techniques lui ont été d’un grand atout.

Bio express

Après ses études en gestion commerciale option marketing et gestion de marketing en Côte d’Ivoire et un moment de chômage, Boureima MAIGA décide de rentrer dans son pays pour tenter sa chance. Il fait quelques passages dans des entreprises avant d’être engagé dans une agence de communication comme chef de publicité. Ayant le goût du risque, il démissionne en 2006 pour le poste de ‘‘Conseiller clientèle’’ à Celtel, un poste pourtant moins rémunéré. Il y gravit progressivement les échelons et devient assistant marketing.  Deux ans plus tard, l’assistant en marketing est embauché comme ‘‘Event and Marketing Coordinator NESCAFE’’ à Nestlé Burkina et c’est pour lui le début de nombreuses ascensions dans le monde du marketing d’entreprise.  De 2014 à 2018, le spécialiste des stratégies de vente travaille au bureau de liaison Unilever Côte d’Ivoire puis devient Directeur pays de Promasidor, une multinationale anglaise. Dans toutes ces responsabilités qui lui ont été confiées, l’homme de terrain conquiert les marchés burkinabè et booste les ventes des marques qu’il représente. Marié et père de trois enfants, il est altruiste dans l’âme. Boureima MAIGA apporte régulièrement son soutien aux jeunes pour positionner leurs activités ou pour faciliter leur insertion professionnelle. Après 18 années de travail et de contribution au développement de son pays, il a été élevé au rang de Chevalier de l’ordre du mérite du commerce et de l’industrie avec agrafe Commerce.

Agnès MANO