Passionnée des questions de développement, elle est engagée à apporter sa pierre à la construction de son pays. Titulaire d’un Master 2 en diplomatie et relations internationales et d’une licence en communication pour le développement, Angeline SAVADOGO est une jeune fille qui s’intéresse à toutes les initiatives relatives au maintien de la paix et de la sécurité. Elle nous parle de son engagement associatif, de ses aspirations et des personnes qui l’inspire.

Photo angeline savadogo
Photo angeline savadogo © MODERN PHOTOGRAPHY

Jeunesse Academy : Pourquoi avez-vous porté un intérêt pour des études en diplomatie et les relations internationales après votre licence en communication ?

Angeline SAVADOGO : A mon avis, face aux défis économiques et sécuritaires de notre pays, nous devons converger vers la maitrise des relations internationales et vers une redéfinition de la coopération bilatérale et multilatérale. Bien que le développement doive être endogène, aucun pays ne peut se développer en autarcie. Il est donc important en tant que burkinabè de s’approprier cette thématique qui est au cœur de l’actualité nationale et internationale. C’est donc dans ce sens que je me suis intéressée à cette filière.

Vous êtes membre fondateur et chargée de communication de la société burkinabè de géopolitique, quels sont les objectifs de cette organisation ?

La société burkinabè de géopolitique (SBG) est une organisation centrée sur le développement d’une nouvelle dynamique contribuant à assurer la réflexion, l’analyse, la recherche et le plaidoyer sur les enjeux géopolitiques, géostratégiques, et géo-informationnels. Elle vise également à la diffusion d’idées et à l’éducation citoyenne aux enjeux géopolitiques. À cela s’ajoute la promotion d’une approche intégrée du développement qui valorise les acteurs et les ressources socio-économiques, culturelles et naturelles du territoire. Se référant aux défis sécuritaires actuels, la SBG se donne pour mission de mener des études et des analyses dans les domaines de la sécurité, de la défense et de la gestion du territoire. C’est une organisation composée d’enseignants chercheurs, de diplomates, de juristes, d’économistes, d’administrateurs civils, de cadres issus du domaine sécuritaire ainsi que d’hommes de médias.

« Il existe des mécanismes de coopération qui permettent aux jeunes d’exprimer leur leadership et par la même occasion de déceler les jeunes talents »

Vous avez participé à plusieurs activités à l’international notamment sur la négociation du nucléaire africain, la couverture médiatique d’un évènement des nations unies à Vienne en Autriche. Etant jeune, comment être présent et conquérir la scène mondiale ?

Il faut d’abord se former, pour acquérir des connaissances ; ensuite, s’engager de manière dynamique et courageuse dans tous les projets, les programmes et les mécanismes mis en place pour les jeunes. De plus, pour être compétitif à l’international, il est capital de tirer parti des réseaux collaboratifs internationaux et des avantages qu’offre la technologie. En effet, il existe des mécanismes de coopération qui permettent aux jeunes d’exprimer leur leadership et par la même occasion de déceler les jeunes talents. À ce titre, il est bon de signifier que les réseaux collaboratifs sont très importants pour regrouper plusieurs nationalités en vue de créer un réseau à travers le monde. Cela favorise le brassage d’idées et offre la possibilité d’une meilleure compétitivité sur le plan international.

Vous êtes également consultante en communication pour le développement. En quoi la communication axée sur le développement est-elle importante pour un pays comme le Burkina Faso ?

Pour commencer, j’aimerais préciser que la communication à elle seule ne peut pas engendrer le développement. Cependant, elle est l’instrument qui permet d’instaurer un dialogue citoyen, une participation citoyenne, un changement et un développement endogène des populations. De ce fait, elle est indissociable à la réussite des projets et programmes sectoriels dans des domaines fondamentaux tels que la décentralisation, la santé, l’éducation, l’agriculture, le développement local, etc. C’est pourquoi, les gouvernements successifs qui ont cerné les enjeux de la communication pour le développement ont élaboré en 2001 la Politique Nationale de Communication pour le Développement (PNCD) dans l’optique d’impulser la participation des communautés à la base et contribuer au développement. Si elle est bien encadrée elle peut donc participer au développement.

Vous êtes beaucoup engagée dans tout ce qui concerne le développement. Quelle est la cause qui vous tient le plus à cœur ?

Je m’intéresse à toutes initiatives relatives au maintien de la paix, de la sécurité internationale et à la gestion pacifique des conflits. Dans le domaine associatif, je suis sensible à la cause des enfants d’où la création d’une association dédiée aux enfants que j’ai appelée avec les autres membres fondateurs Children’s Dream. L’objectif est de transformer un tant soit peu le rêve de chaque enfant en réalité, surtout en ce qui concerne les besoins primaires. J’anime un blog ‘‘Actu Po’’, qui est consacré au traitement de l’actualité politique et diplomatique. J’y égrène des sujets assez diversifiés tel que l’effectivité de la mise en œuvre des référentiels de développement au Burkina Faso. Il s’agit aussi de thématiques sur la gouvernance administrative, le renforcement de la bonne gouvernance, la décentralisation et le développement local. J’y aborde les politiques d’amélioration de la qualité́ de l’éducation de base, de l’enseignement supérieur et de la formation. Des questions liées à la promotion de la paix et de la sécurité internationale, l’utilisation pacifique du nucléaire, l’implication de la jeunesse pour l’atteinte des Objectifs de Développement Durable – ODD et l’Agenda 2063 de l’Union Africaine s’y retrouvent aussi.   

« De nos jours, grâce aux longues et farouches luttes pour le droit des femmes et l’égalité des chances dans le milieu professionnel, je n’ai pas rencontré de difficultés de façon particulière. »

Quels sont les défis et difficultés que vous rencontrez en tant que jeune femme dans vos différents projets ? Et quel est le message que vous souhaitez transmettre aux jeunes filles ?

De nos jours, grâce aux longues et farouches luttes pour le droit des femmes et l’égalité des chances dans le milieu professionnel, je n’ai pas rencontré de difficultés de façon particulière. Cependant en tant que jeune femme je dirais que je dois être en perpétuelle formation c’est-à-dire que je dois travailler deux fois plus pour atteindre mes objectifs. En effet, la compétence est la seule arme contre les stéréotypes dans le monde professionnel. Je pense d’ailleurs que lorsque tu possèdes les qualifications requises, il est difficile pour quiconque de te priver de tes droits. C’est pourquoi je parle de perpétuelle mise à jour des connaissances et formations. D’abord, je dirais à chaque jeune fille de croire en ses rêves et de développer une grande confiance en soi. Il faut aussi avoir une vision à court et long terme avec des échéances de sa carrière professionnelle car cela pourrait être un atout. Il ne faut pas rester dans le mutisme. Je crois qu’il faut également communiquer sur ses différentes activités pour se faire valoir et se faire connaitre.

Quelles sont les personnes qui vous ont inspirée du début de votre parcours professionnel jusqu’à présent ?

J’ai été inspirée par plusieurs personnes notamment des experts dans certains domaines. L’un d’eux est le Docteur Lassina Zerbo, ancien Secrétaire Exécutif Émérite de l’Organisation du Traité d’Interdiction Complète des Essais Nucléaires – OTICE et actuel Président du Conseil d’Administration du Rwanda Atomic Energy Board. J’ai suivi avec grande attention ses communications publiques sur les questions du nucléaire et la construction d’une jeunesse leader prenant son destin en main. Après mon adhésion au groupe de jeunes de l’OTICE, j’ai pu bénéficier de son mentorat qui a beaucoup influencé ma vision, réorienté et boosté mon engagement. 

Propos recueillis par Farida THIOMBIANO


Bio

Communicatrice pour le développement, Angeline Wendpuiré SAVADOGO est titulaire d’un master 2 en diplomatie et relations internationales et d’une licence en sciences et techniques de l’information et de la communication, option communication pour le développement. Très intéressée par les relations internationales et la diplomatie, elle est membre active du groupe de jeunes de l’Organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE). Elle a été aussi bénéficiaire du prestigieux programme de mentorat en journalisme de l’ONG Atomic Reporters, ONU Vienne en 2021. Jeune fille active du monde de la communication et de l’information, elle est Consultante en communication pour le développement pour les stratégies de communication politique et pour des projets de gouvernance locale du PNUD. Au-delà de son engagement associatif, elle a par ailleurs créé sa propre association dénommé CHILDREN’S DREAM en 2021. Très déterminée dans ses actions, la jeune communicatrice âgée de 25 ans a été lauréate du programme American Young Women Political Leadership School en 2020.