Au Burkina Faso, comme dans la plupart des pays en développement, le secteur informel est en passe de devenir la clé de voûte de l’économie. Ce secteur très dynamique et en expansion est constitué majoritairement des acteurs de personnel de services, de vendeurs dans les magasins et au marché : marchands ambulants, marchands sur étalages, artisans, etc. les entrepreneurs de l’informel naissent de jour en jour et bon nombre arrivent à tirer leur épingle du jeu. Mamata SANA, commerçante de chaussures, sacs et vêtements de friperie fait partie de ce lot d’entrepreneurs de l’informel. Propriétaire d’une boutique, nous l’avons rencontrée sur son lieu de travail pour parler de son business.
Agnès MANO
C’est en pleine négociation du prix d’une chaussure avec une cliente que nous avons retrouvé Mamata SANA dans sa boutique. Lorsqu’on franchit le seuil de la porte, on se croirait dans une boutique prêt-à-porter car sa boutique se démarque par son aspect luxueux et vaste. Les étagères sont bien garnies et les articles sont soigneusement exposés comme neuf. Pourtant, derrière cette boutique qui fait rêver plus d’un se cache beaucoup de travail et de patience. Âgée d’une trentaine d’années, Mamata a débuté son business par le commerce de chaussures. La jeune dame amoureuse de la friperie, s’est lancée en 2015 dans la vente de bouches d’oreilles. À ses débuts, elle se rendait dans les salons de coiffure, les maquis et les domiciles de certaines de ses clientes pour proposer ses articles. Le métier n’étant pas facile surtout pour une femme, en 2017, elle fait une pause (car elle était découragée) pendant un moment avant de reprendre son activité. Durant cette période, Mamata prévoyait quitter le pays pour tenter l’aventure. Mais progressivement, elle se rend compte que son activité grandit et elle décide de travailler à ouvrir un local pour s’installer. « J’avais un projet de voyage à l’extérieur du pays donc j’hésitais entre investir ou voyager. Cependant, un matin je me suis réveillée avec l’envie d’ouvrir ma boutique et c’est de là que j’ai cherché un local. Avec le peu que j’avais sous la main, j’ai établi mon registre de commerce puis je me suis installée avant d’effectuer un voyage chez mes fournisseurs pour garnir ma boutique», nous confie-t-elle. En 2019, après cette plongée dans l’entrepreneuriat, Mamata décide d’étendre son commerce au-delà des chaussures et d’y ajouter la vente de sacs et de vêtements en friperie des grandes marques soldées. Ses sacs sont donc à des prix au-dessus du pouvoir d’achat d’un burkinabè moyen mais elle soutient que le prix n’est pas souci quand la qualité y est. « Au début c’était difficile avec mes clients lorsque je donne mes fourchettes de prix. Mais ceux qui s’y connaissent en grandes marques savent que ce sont des tarifs avantageux ». Selon elle, beaucoup de personnes négligent la friperie pourtant c’est une catégorie dans laquelle on se donne un style unique et de qualité.
Née d’une famille de commerçants, ce métier est devenu presque naturel pour la jeune dame. Depuis son jeune âge, elle assistait sa mère qui est commerçante à écouler ses produits au marché. En plus d’aider sa mère, elle faisait le commerce de petits articles à l’école auprès de ses camarades. Concernant la friperie, elle soutient qu’en plus de la qualité de bon vendeur, il faut avoir du bon goût pour se démarquer. « Il faut déjà avoir du goût pour les bonnes choses. Il y a certains vendeurs qui ont de l’argent mais qui ne savent pas faire les bons choix pour séduire la clientèle » a précisé Mamata. La commerçante se fournit au Ghana auprès des personnes avec qui elle collabore depuis des années. En général elle effectue des voyages pour faire elle-même ses choix mais il arrive qu’elle se fasse livrer sur place ses colis depuis Accra ou Koumassi.
« J’essaie toujours de rester positive pour que mon travaille prospère »
De 2019 à 2022, elle a pu agrandir son commerce et a implanté une boutique sur la grande Avenue Charles de Gaulle de Ouagadougou. Pour elle, quand on se lance dans l’entrepreneuriat, il faut comprendre qu’il y a des hauts et des bas afin de maintenir le cap et ne pas se décourager. « J’essaie toujours de rester positive pour que mon travaille prospère. J’ai réussi à diversifier mes cibles car au début je vendais uniquement les articles féminins. Mais maintenant je vends des articles pour hommes et enfants aussi », a-t-elle indiqué. La spécialiste de la friperie de premier choix souhaiterait ouvrir ailleurs une autre boutique du même genre mais avec le contexte hostile de l’entreprenariat, elle est dubitative. Loin d’avoir baissé les bras, elle pense que c’est la patience qui l’a conduite vers cette réalisation. Elle compte donc patienter encore pour ses autres projets.
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