Médecin, il est spécialiste de l’appareil génital féminin, des seins et des affections associées et participe au processus de création de la vie. Il s’agit du médecin gynécologue auquel l’autre moitié du ciel a recours au moins une fois dans sa vie.  Permanemment en contact avec les femmes, le gynécologue a un rôle important dans le bien être intime de ces dernières. Jeunesse Academy est allé à la découverte de ce métier avec le Docteur Arnaud TOE, médecin gynécologue et praticien hospitalier au CHU Yalgado OUÉDRAOGO à travers une interview.

Propos recueillis par Farida THIOMBIANO

Jeunesse Academy : Quel a été le parcours scolaire et universitaire qui vous a conduit vers la profession de gynécologue ?

Docteur Arnaud TOE : J’ai fait des études générales jusqu’à l’obtention d’un baccalauréat série D. J’ai suivi ensuite des études de médecine générale à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou avant d’être admis au concours de spécialisation en gynécologie. C’est une spécialisation qui dure quatre ans et qui se fait au Burkina Faso avec une année d’étude à l’extérieur pour un renfoncement de capacité et un partage d’expérience avec d’autres centres. Depuis près de douze promotions antérieures, les médecins gynécologues sont entièrement formés dans notre pays. Aux termes de cette spécialisation, je suis sorti avec un diplôme d’étude spécialisée en gynécologie et obstétrique. C’est donc ce parcours qui m’a permis de devenir médecin gynécologue-obstétricien.

Après les études de médecine générale et la spécialisation, comment se fait l’insertion professionnelle d’un jeune diplômé en Gynécologie ?

À notre époque, le recrutement des médecins était systématique car les besoins dépassent largement l’offre. De ce fait, pour les jeunes diplômés qui étaient intéressés par le service public, le recrutement était immédiat. Mais présentement la situation a un peu évolué et il y a un concours d’accès pour les médecins généralistes à la fonction publique. Mais si plus tard ils se spécialisent leur carrière se poursuit naturellement.

« Nous recevons la même formation de gynécologue mais après, chaque médecin est libre de s’orienter vers un aspect de la spécialité où il se sent apte à exercer »

Qu’est-ce qu’un Gynécologue de façon spécifique ? En quoi consiste son travail ?

C’est avant tout un médecin qui est apte à accueillir et à poser un diagnostic chez un patient. Il est particulièrement spécialisé dans les organes génitaux de la femme et dans la santé de la reproduction. Le médecin gynécologue est donc celui vers lequel on va lorsqu’on a un besoin de service en lien avec l’organe génital de la femme.  Cet organe a une partie externe et une autre interne et possède plusieurs fonctions à savoir réguler le cycle menstruel, permettre la copulation et la reproduction. Nous sommes donc chargés d’assurer la santé de l’organe génital féminin le plus souvent. Certains hommes sont intéressés à consulter un gynécologue  dans un premier temps avant d’être orienté par nos services vers un urologue qui s’occupe plus spécifiquement de l’organe génital masculin. Dans le cadre de l’accompagnement à la fertilité, les hommes sont invités en consultation de gynécologie pour écouter les conseils et traiter certains problèmes afin de permettre au couple de se reproduire.  Nous encourageons donc les hommes à accompagner leurs femmes au cours des consultations prénatales car une femme enceinte a besoin du soutien psychologique de son conjoint. La présence des géniteurs durant le processus de grossesse est une école qui permet d’obtenir un meilleur confort de la femme et d’entamer plus facilement l’accouchement. J’aimerais aussi préciser qu’au sein de la spécialité de gynécologue, certains médecins prennent des options d’hyper spécialisation et s’intéressent à des domaines spécifiques. Certains choisissent la consultation médicale tout simplement et d’autres choisissent les aspects chirurgicaux. Il y a également ceux de l’échographie et des programmes de santé publique avec l’accompagnement à l’échelle des populations. En somme, nous recevons la même formation de gynécologue mais après, chaque médecin est libre de s’orienter vers un aspect de la spécialité où il se sent apte à exercer.

Pouvez-vous nous expliquer la différence entre un Gynécologue et un maïeuticien ou une sage-femme ? Y a-t-il différents types de Gynécologue ?

Le maïeuticien est la version homme de la sage-femme. Ils sont une catégorie de personnel extrêmement importante dans la santé de la reproduction car c’est le plus souvent le premier contact humain de la femme avec la structure de santé lors d’une grossesse. La différence entre ces derniers et les gynécologues est celle du graduant de compétences et de champs d’action. Le gynécologue voit les femmes même en dehors des grossesses et diagnostique des maladies comme les fibromes, les kystes et les maladies du sein. Il a également des compétences de chirurgiens pour les opérer en cas de besoin et pour réaliser des examens d’imageries. Mais le partenariat entre le maïeuticien ou la sage-femme et le gynécologue est un partenariat fort. C’est une équipe qui doit nécessairement être soudée pour accompagner les femmes de bout en bout durant la grossesse.

Quel est le quotidien d’un Gynécologue notamment pour vous au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) Yalgado de Ouagadougou ?

Le quotidien d’un gynécologue est particulièrement chargé et il faut une grande résistance au stress. Pour ma part, dès mon arrivée à l’hôpital j’ai un programme d’activité qui se décline en consultations, en visites des patients internés et en programme opératoire pour des chirurgies du sein, de l’utérus, de l’ovaire, des trompes, etc. Il faut aussi ajouter que j’assure les gardes pour la prise en charge des urgences en fonction du programme. Dans le cas particulier du CHU de Yalgado, nous accompagnons également l’équipe des universitaires afin d’encadrer les jeunes médecins puisque nous sommes un centre de formation. Nous sommes donc chargés de renforcer leurs compétences de sorte qu’à la fin de leur formation ils soient à même d’offrir des soins de qualité aux populations.

En tant que domaine très important de la médecine, il y a néanmoins beaucoup de tabous autour de la question surtout dans notre contexte. Comment se passent alors les échanges avec les patientes ?

C’est un défi quotidien pour nous les gynécologues d’arriver à mettre à l’aise nos patientes durant la consultation. En effet, il nous faut avant tout établir un rapport de confiance et de confidentialité et cela demande beaucoup de professionnalisme de la part du gynécologue. Il faut savoir rester dans le cadre professionnel et ne pas en sortir. Comme tous les médecins, ce que nous voyons et entendons restent dans le cadre d’une consultation de gynécologie et en aucun cas ne doit en sortir. Les femmes ont besoin d’être dans un environnement rassurant avec un personnel qualifié et lorsque ces conditions sont réunies tout se passe bien.

« Les gynécologues sont les plus représentés parmi les spécialités médicales »

Il y a de plus en plus de besoins en soins gynécologiques, selon vous à quoi est dû ce phénomène ? Est-ce que l’offre arrive à satisfaire la demande ?

De façon générale, la santé crée des besoins. C’est un état complet de bien-être physique et mental, ce qui pousse les gens à demander des soins. En gynécologie, nous traitons plus de la moitié du ciel parce que les femmes représentent une bonne portion de la population. Elles ont des besoins importants en matière de santé de la reproduction. C’est pourquoi la demande est forte. Je crois que les gynécologues sont les plus représentés parmi les spécialités médicales même si nous avons encore du mal à répondre aux besoins des femmes.  Il y a aussi la question de la répartition ou de la densité des gynécologues dans les différentes régions du pays mais c’est un travail de tous les jours. J’aimerais ajouter que notre département, en collaboration avec l’État fournissent beaucoup d’efforts pour former des agents régulièrement. Nous avons fait le constat que les besoins les plus exprimés en gynécologie sont des besoins de confort comme des pertes anormales, des douleurs lors des menstrues ou des rapports sexuels.  Mais nous voyons aussi une demande croissante en matière de besoin de se reproduire. Jadis, nous avions remarqué que les besoins en accompagnement à la procréation étaient autour de 10% de nos patients. Présentement ces besoins vont jusqu’à 25%. Les perturbations du cycle menstruel font beaucoup stresser les femmes et les conduisent en consultation. En faible proportions, nous avons les maladies plus graves telles que les cancers et c’est de notre responsabilité de les dépister afin d’éviter les complications.

De votre expérience, quelles sont les qualités que doivent avoir un Gynécologue pour réussir ses missions quotidiennes ?

C’est difficile de répondre car c’est un avis qui va concerner mon vécu et mon expérience, mais je crois qu’il faut avoir de bonnes aptitudes d’écoute et de patience. Il faut également avoir beaucoup d’empathie car en gynécologie les personnes que l’on reçoit ne sont pas toujours malades ou porteuses d’une grossesse. Il y a donc des cas de stress important chez les patients qu’il faut pouvoir ressentir. Parfois, le problème que vit la patiente est psychologique mais il ne faut pas pour autant se dire que c’est bénin. Il faut selon moi être à l’écoute, patient et positif vis-à-vis des femmes.

Quels conseils pouvez-vous donner à nos lecteurs désireux de devenir un jour Gynécologue ?

Mes jeunes futurs confrères qui sont intéressés par cette spécialité doivent s’informer sur cette dernière car elle est très riche. Lorsqu’on aime ce que l’on fait, on travaille sans s’en rendre compte. Ce travail ne devient plus une contrainte mais un cadre d’épanouissement. Il faut identifier assez rapidement son centre d’intérêt et sa passion. Quand on choisit la gynécologie par amour, on réalise de bonnes prestations de service. Quand vos patientes ressentent votre passion, votre compétence et votre intérêt pour le travail, elles se sentent déjà soulagées. Faites donc ce que vous aimez et vous ne sentirez pas que vous travaillez.