Illustration ©Burkina24

Dans tous les corps de métier, surtout avec l’avènement de la promotion l’émancipation de la femme, la représentativité des genres est un aspect couramment analysé sous plusieurs angles. Nous avons choisi de mettre en lumière les réalités des femmes dans notre domaine : le journalisme. Dans cette approche introspective, nous avons rencontré des femmes journalistes aussi bien en activité qu’à la retraite. Il aurait été sans doute plus abouti pour nous d’élargir l’horizon à celles qui sont dans l’ombre (“camerawoman”, maquettistes, réalisatrices, …) mais des contraintes pratiques nous ont amenés à inscrire cette catégorie dans le cadre d’un autre numéro. Nos interlocutrices se sont confiées en levant le voile sur bien de choses relatives aux conditions de la femme journaliste.


Femmes et médias : entre amour et casse-tête chinois !

L’explosion de la presse plurielle au 21e siècle est une réalité que l’on voit de plus en plus, avec des femmes qui s’engagent dans le métier du journalisme. Des devancières, il y en a eu, à l’instar de Béatrice Damiba, Benjamine Douamba et bien d’autres. Dans ce dossier, votre magazine se focalise sur ces ouvrières de la plume que sont, à titre illustratif, Jeanne Coulibaly, Peggy Ouédraogo, Micheline Ouédraogo et Samirah Bationo. Nous sommes allés à leur rencontre pour qu’elle nous parle de leur expérience et des réalités auxquelles sont confrontées les femmes professionnelles des médias.


Comme l’a dit Yacouba Traoré , émérite ancien journaliste « le journalisme n’est pas un métier, mais un choix de vie» . Il est aussi un sacerdoce qui , commande un don de soi extrême. A la lumière de ce que nous avons eu à écouter de nos interlocutrices, nous constatons qu’il y a eu un grand sacrifice de leur part. « Il y a beaucoup de préjugés en Afrique. Au tout début, il n’y avait pas ce problème ; c’est maintenant que nous commençons à voir ce phénomène se développer, ‘femmes journalistes’. Il n’y a pas que des jeunes filles qui exercent dans ce domaine ; il y a des dames mariées qui vont dans ce domaine. Elles savent ce qu’elles veulent. C’est à vous de savoir vous imposer et balayer d’un revers de la main les préjugés que l’on a sur les femmes dans le métier du journalisme », a indiqué Jeanne Coulibaly. Quant à Micheline Ouédraogo , elle observe que bien qu’étant un métier passionnant, le journalisme renferme des difficultés particulières quand on est une femme. « C’est vraiment difficile de concilier la vie de femme au foyer et journalisme. En tant que femme journaliste, on n’a pas de vie de famille ; les enfants sont délaissés à eux-mêmes parce que nous travaillons du lundi au lundi. Il faut savoir s’imposer et donner le meilleur de soi-même » a-t-elle affirmé.

Il ne faut pas se dire qu’on possède la science infuse.

Pour Peggy Ouédraogo, avoir les femmes dans les médias, a un double sens qu’elle explique : « le premier sens, c’est d’abord, montrer effectivement que les femmes peuvent faire ce métier et aussi bien comme les hommes, sinon même mieux. Le deuxième sens, c’est que les femmes vont porter la voix des femmes dans les médias parce que non seulement le métier est exercé en majorité par les hommes, mais aussi il ne donne la parole qu’aux hommes. » Elle poursuit en faisant remarquer : « On a des femmes qui sont pionnières dans certains domaines ou qui font des choses incroyables, mais personne ne va en parler parce que cela n’intéresserait pas un homme journaliste, qui n’a pas cette sensibilité pour aller vers la femme. C’est très important qu’on ait des femmes dans les médias pour porter la voix de cette majorité silencieuse (près de 57% de la population burkinabè) ». Pour ce qui est de son appréciation et ses conseils, elle se veut claire dans ses propos : « Je ne peux être que satisfaite tout en tirant la sonnette d’alarme en se disant que quand on embrasse ce métier, il faut avoir une certaine humilité. A part l’humilité, du professionnalisme et puis, il ne faut pas se dire qu’on possède la science infuse parce que c’est un métier qui vous porte au-devant de la scène ».

Il y a les préjugés que les gens ont les femmes journalistes.

Selon Samirah Bationo, malgré les contraintes qu’il y a dans le journalisme, les femmes se battent pour exister au sein des médias. Elle établit le constat suivant: « généralement, dans les métiers de terrain, les femmes sont moins nombreuses que les hommes et avec la difficulté du métier journalistique, il n’y a pas d’heure spécifique, d’une part, et il y a les préjugés que les gens ont sur les journalistes de manière générale et sur les femmes journalistes de manière particulière, d’autre part ». En conséquence, « cela pèse vraiment sur la représentation des femmes». Elle soutient ses affirmations par un cas parmi tant d’autres: « je prends un exemple. A la télé, quand on regarde les débats politiques, les femmes sont quasi inexistantes. Cela peut s’expliquer par un facteur : le fait que les femmes, sociologiquement parlant, n’aiment pas s’exprimer. Mais même pour les prix, on constate qu’il y a moins de femmes journalistes ».

La Rédaction