Par Adèle ZONGO

Adèle ZONGO

Chaque année, ce sont plusieurs milliards de dollars que la diaspora africaine envoie sur le continent. La plupart des Africains de la diaspora ont en charge des membres de leur famille restés au pays. Dans plusieurs pays d’Afrique, cette pratique s’est ancrée dans les mentalités au fil du temps comme une coutume. La personne qui migre, très souvent grâce aux sacrifices financiers des siens, a comme l’obligation de renvoyer l’ascenseur en envoyant régulièrement de l’argent pour la famille.  Quand ce n’est pas le soutien à la famille, c’est par le biais des projets personnels notamment dans l’immobilier ou dans l’investissement entrepreneurial.

Ces flux financiers en direction de l’Afrique sont d’une importance capitale car ils contribuent énormément à l’économie des pays africains bien plus que l’aide au développement. En 2021, les transferts de fonds provenant de la diaspora africaine en direction de l’Afrique subsaharienne ont atteint 45 milliards de dollars selon les statistiques de la banque mondiale. Ces chiffres croissent autant que le nombre de personnes qui quittent l’Afrique.

Dans son rapport sur les prévisions économiques mondiales, le Fond Monétaire International FMI estime que le chiffre des migrants africains à destination des pays les plus riches pourrait bondir de 7 millions en 2013 à 34 millions en 2050. Cependant, il existe un revers de la médaille qui coûte cher à l’Afrique au vu du sacrifice consenti : c’est la fuite des cerveaux et les départs massifs de la main d’œuvre qualifiée. Malgré ces grosses sommes d’argent que les Africains de la diaspora envoient vers leur continent d’origine, les dirigeants devraient se pencher sur le revers de la médaille. La main d’œuvre qualifiée est de plus en plus séduite par des postes plus attrayants dans les pays occidentaux. Cette fuite de cerveaux constitue un réel frein au développement. Rien que dans le secteur médical, le continent africain, bien qu’étant en manque criard de médecins, plusieurs étudiants en fin de cycle de médecine vont à l’extérieur à la première occasion juteuse. Malheureusement, il n’y a pas de politique concrète pour retenir ces cerveaux qui partent. Le chômage des jeunes diplômés est un vrai fléau sur le continent. Que dire des milliers de jeunes africains qui périssent dans la méditerrané en essayant de rejoindre l’Europe par bateaux ? En outre, une fois installés dans les pays d’accueil, beaucoup d’africains n’ont plus de projet de retour au pays. Beaucoup de jeunes fondent leurs familles sur place, construisent leur vie et semblent avoir dit adieux au continent. Les gouvernements de leur côté ne favorisent pas un retour au pays en initiant des projets d’accueil pour ceux qui voudraient envisager un retour. Tous ces facteurs font que les transferts d’argent (les devises) sont une opportunité de développement mais le prix payé par la fuite des jeunes africains sera un lourd tribut à payer à long terme.

Quel pourrait alors être la solution ?

Si chaque dirigeant africain prenait la décision de servir au lieu de se servir, si la répartition des richesses se faisait équitablement, si chaque jeune africain décidait de se mettre au travail en laissant de côté la cupidité, si les mentalités changeaient, si l’Afrique se levait comme un seul homme et non comme une victime, la convergence de tous ces facteurs serait une base pour bâtir une Afrique meilleure.