Nombreux sont ces jeunes qui rêvent de poursuivre leurs études à l’extérieur du pays. Si certains y parviennent, ce n’est pas le cas de plusieurs d’entre eux. Parti de son pays depuis plus de 10 ans et actuellement résident à Nairobi au Kenya, Ali Ouédraogo raconte son parcours hors de son pays. Employé d’une grande entreprise de paiement numérique, il nous a partagé son vécu de la diaspora, ses motivations et son regard sur la situation de son pays. 

Ali Ouédraogo
Ali Ouédraogo

L’envie d’apprendre, d’explorer d’autres cieux et la quête de meilleures conditions d’études sont les principales raisons qui ont amené Ali Ouédraogo à quitter son pays.  Contrairement à certaines personnes, ce jeune globe-trotteur pense que le Burkina Faso a besoin d’apprendre de l’extérieur pour atteindre ses objectifs de développement. Après son master en 2013 aux USA, il commence un stage à Innovations for Poverty Action (IPA) qui le ramène à Ouagadougou pour trois mois. Sa passion étant beaucoup plus tournée vers les paiements numériques et la technologie financière, il rejoint après son stage, l’institut Little Sun à Berlin en Allemagne comme Coordonnateur de Business Développement pour l’Afrique. « Je m’occupais du recrutement d’utilisateurs et également des questions de solutions solaires. Avec Little Sun, j’ai également eu la chance de travailler au Zimababwe. Je suis resté à Little Sun pendant quinze mois » indique Ali Ouédraogo. Puis en 2017, il est recruté par Intouch, une plateforme d’agrégation de services digitaux. D’abord comme Responsable partenariats pour le Mali, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Kenya et la Guinée Conakry ; ensuite comme Directeur Pays couvrant le Kenya, la Tanzanie, l’Ouganda et l’Égypte. À ce moment, le jeune homme est installé à Nairobi. Toujours à la recherche de nouveaux défis, il rejoint en septembre 2021, MFS Africa comme Responsable Afrique de l’expansion du département Emerging Enterprise. MFS Africa a ses bureaux officiels en Afrique du Sud, en Angleterre et aussi des bureaux locaux dans plusieurs autres pays dont le Kenya. Malgré son statut d’expatrié, Ali Ouédraogo vit une bonne insertion sociale au Kenya. Avec Intouch, il met place en 2018, une équipe efficace de Kenyans qui lui a facilité son insertion professionnelle et lui a permis de mieux naviguer dans l’environnement du business. Les différents challenges auxquels il a fait face aux Etats-Unis, en Allemagne et au Zimbabwe l’ont également aidé à bien s’installer dans ce pays.

Ali Ouédraogo pense que l’Afrique a toujours du chemin à faire pour atteindre une vraie union. Selon lui, les préjugés sont toujours présents mais l’observation qu’il fait du contexte lui donne bon espoir. « Oui je crois à l’union africaine mais cela se fera de manière périodique et par blocs. Les mentalités, les cultures et les économies sont très diverses, donc il faut d’abord des unions régionales fortes et ensuite une union globale du continent ; et je pense que c’est faisable » ajoute-t-il.

« J’espère aussi qu’on pourra un jour construire un Burkina Faso où ses enfants n’auront pas besoin de quitter le pays »

Ali Ouédraogo

L’aventurier parle aussi de la possibilité future de construire un marché unique numérique africain. C’est d’ailleurs une ambition qui fait partie de la mission de MFS Africa, où il travaille actuellement. « Aujourd’hui nous sommes connectés à plus de 320 millions de comptes mobile money, ce qui représente plus de 60% du nombre de comptes en Afrique. Si nous travaillons durement, nous arriverons à un switch africain. C’est après cela que nous pourrons construire les fondations d’une Afrique « digitalement » connectée » explique Ali Ouédraogo. Malgré ses multiples compétences et son expérience acquise dans les firmes internationales, il envisage revenir s’installer dans son pays. Il affirme que toutes les connaissances qu’il a acquises ailleurs bénéficieront à son pays un jour. « J’ai énormément appris ces dernières années. Revenir au pays a toujours fait partie de mon agenda » assure-t-il. Cependant, pour son retour, il lui faut au préalable établir un projet clair avec une liberté dans la mise en œuvre de ce projet.

Il souhaite aussi que le Burkina Faso redevienne «le pays des hommes intègres » à tous les niveaux, pour construire un Burkina Faso plus fort. De son œil extérieur, il pense que l’état actuel du pays en termes d’infrastructures, de santé et d’éducation est alarmant. À cela s’ajoutent les problèmes sécuritaires pour lesquels il pense que son pays aurait besoin d’un nouvel élan, d’un nouveau souffle, d’une nouvelle énergie. Face à ce défi, Ali Ouédraogo se dit prêt pour son pays quand le besoin se fera sentir. « L’extérieur vous donne des opportunités que très souvent vous n’avez pas au niveau local. Mais ces opportunités demandent beaucoup de discipline et de focus. J’espère aussi qu’on pourra un jour construire un Burkina Faso où ses enfants n’auront pas besoin de quitter le pays » a-t-il conclut.

Agnès MANO


Bio

Originaire de Ouagadougou, Ali OUEDRAOGO a fait ses études secondaires au lycée Bambata puis au lycée Philipe Zinda Kabore. Après son baccalauréat série D obtenu en 2006 avec une bourse nationale, il décide de continuer ses études en économie à l’Université de Ouagadougou. A l’époque, son Unité de Formation et de Recherche (UFR) avait plus de 3000 étudiants en première année. Il fallait s’y rendre à deux heures du matin pour réserver une table pour les cours qui débutaient à huit heures du matin. Mais les challenges de l’Université de Ouagadougou le fortifient. Ali choisit la macroéconomie et la gestion du développement lors de sa licence parce qu’il était convaincu que c’était ce dont son pays avait besoin. En plus de l’économie, il nourrit une passion pour l’anglais et rêve de continuer ses études aux Etats-Unis d’Amérique malgré ses origines modestes. En 2009, il s’inscrit pour des cours d’anglais intensifs et à l’issue de ces cours il fait le test du TOEFL (Test Of English as a Foreign Language). Grâce à cette expérience, le jeune burkinabè postule et obtient la bourse américaine Fulbright en 2010. Une bourse qui lui permet de  se former d’avantage en anglais à Ohio University et de continuer un master en économie internationale et finance à Brandeis International Business School à Boston dans l’Etat de Massachusetts.

Âgé aujourd’hui de 34 ans, Ali Ouedraogo s’est installé à Nairobi au Kenya après plusieurs aventures dans différents pays. Il occupe le poste de ‘‘Head of Expansion Strategy, Emerging Enterprise’’ à MFS Africa. MFS Africa est l’une des plus grandes plateformes de paiement numérique sur le continent africain avec pour vision de « make borders matter less » lorsqu’il s’agit des transactions numériques. Le Hub de MFS Africa est aujourd’hui connecté à plus de 320 millions de portefeuilles mobile money dans environ 33 pays. Les utilisations sont diverses mais l’objectif est le même : effectuer des paiements aussi facilement qu’un appel téléphonique.