Des milliers de jeunes africains rêvent de l’eldorado occidental. Cet eldorado imaginaire, créé avec l’appui des séries télé, est très présente dans nos médias nationaux qui nous présentent l’Occident comme un paradis sur terre. C’est un paradis vers lequel des milliers de jeunes africains courent aveuglement et finissent souvent noyés dans la Méditerranée. Un paradis pour lequel, contre vents et marées, nos jeunes frères et sœurs font la queue à l’infini dans les ambassades, mais qui cache bien un côté infernal. Dans cette chronique, nous allons évoquer une réalité qui n’est pas toujours dépeinte dans les médias, mais dont beaucoup de jeunes africains de la diaspora souffrent énormément : le Métro-Boulot-Dodo.


Lorsqu’un jeune africain arrive pour la première fois dans un pays comme la France pour ses études, la première douche froide, c’est la réalité de l’écart entre le franc CFA et l’Euro. Ses centaines de milliers de francs CFA durement gagnées se convertissent en seulement quelques centaines d’Euros. Entre e loyer, le transport et la nourriture quotidienne, l’insuffisance de la bourse incite automatiquement à chercher un petit boulot parallèlement aux études.


« On sent la pression du temps parce que les jours sont comptés sur le territoire. »

Pour s’en sortir dans ce climat aussi froid physiquement que socialement, être un simple étudiant ne suffit pas. Qui dit « petit boulot » dit petites corvées ingrates et fatigantes que les nationaux ne veulent pas faire. Nos jeunes frères et sœurs se retrouvent donc partagés entre le boulot fatiguant et les études parfois très difficiles (changement de réalité oblige). Ils entrent alors dans un cycle infernal qui va durer au moins toutes leurs années d’études. On sent la pression du temps parce que les jours sont comptés sur le territoire. À la fin de leurs études, les jeunes qui ont l’espoir de trouver un travail au pays, à la hauteur de leur investissement, y retournent volontairement.

Mais il arrive pour certains que l’avenir au pays soit aussi obscurci qu’un ciel nuageux prêt à faire tomber une pluie torrentielle. Dans ce genre de situation, on pourrait être tenté de rester pour se battre et continuer l’aventure. C’est là qu’intervient encore un nouveau type de challenge : trouver un travail, avoir ses papiers et trouver un logement puisqu’à ce stade, tout recommence à zéro, car on perd le statut étudiant.

« Sans-papiers, synonyme de sans-emploi… »

En plus, on sent la pression du temps parce que les jours sont comptés sur le territoire. De ce fait, entre la discrimination à l’embauche, le manque d’expérience et bien d’autres tracas du monde de l’emploi, les chanceux finissent par décrocher un contrat. Malheureusement, bon nombre d’entre eux deviennent des « sans-papiers», condamnés à vivre dans « le noir Sans-papiers, synonyme de sans-emploi,, dans tous les sens du terme. Sans-papiers, synonyme de sans-emploi, sans-salaire, sans logement, … pas de vie tout court. Des millions de francs CFA investis au départ pour acquérir le savoir et réussir sa vie deviennent, en guise de produit fini, une tête remplie de connaissances, mais sacrifiée à l’hôtel du statut d’immigré sans papiers, fuyant la police et vivotant au jour le jour.

Pour finir, il serait bien que les étudiants qui entreprennent une telle aventure se posent certaines questions avec l’aide de leur entourage : quel est mon projet professionnel et où me mènera-t-il ? Le domaine d’étude que j’ai choisi est-il porteur d’emploi ? Qu’est-ce que je ferai après l’acquisition de mon diplôme ? Si ces trois questions ont des réponses concrètes, lancez-vous! Si ce n’est pas le cas, réfléchissez encore !


Adèle ZONGO