Lancée le jeudi 19 octobre 2023, la première édition de « La Vitrine F » se déroule au SIAO sous le thème central qu’est « La contribution de la femme au développement socio-économique du Burkina Faso dans un contexte de crise ». Au cours de cette journée de lancement, une conférence a été animée sur ce thème par Salimata Nébié/Conombo, ancienne ministre du genre et de la famille, experte en stabilisation, paix et sécurité.
Malgré la situation sécuritaire que traverse le Burkina Faso, la question du développement ne saurait être occultée. Dans ce contexte, quelle ou quelle peut être donc la partition de l’autre moitié du ciel ? En deux grandes articulations, la conférencière a partagé sa vision sur la question. Elle a ainsi fait un état des lieux de la condition de la femme avant de donner son point de sur le rôle de la femme.
Un environnement hostile qui opprime la femme
Après avoir présenté des statistiques indiquant, d’une part la supériorité numérique des femmes et, d’autre part, le paradoxe de leur souffrance, dame Nébié estime que les femmes ont trop d’obstacles à leur épanouissement. Pour elle, que ce soit en politique ou dans le monde rural, ces dernières subissent la domination de la société, plus précisément des hommes. Dans les gouvernements de transitions, on devrait avoir une parité genre car, dit-elle « c’est la période propice pour le faire ». Pourtant, regrette-t-elle, il y a moins de 8% de femmes actuellement dans le gouvernement actuel du Burkina Faso.
La vulnérabilité des femmes est bien perceptible, surtout lors des crises. Partant de la crise Covid-19, elle fait remarquer que des femmes en souffrent encore dans leurs activités. Actuellement, 67% des personnes déplacées internes au Burkina sont des femmes et des enfants, et c’est encore les femmes qui sont victimes de violence aussi bien de la part de forces engagés aux fronts que des groupes armés terroristes. « C’est à cette dernière (Ndlr : la femme) que l’on demande de contribuer au développement socio-économique de son pays », s’est-elle offusquée.
Il leur faut des moyens car, elles se battent…
Le tableau peu reluisant dépeint par la conférencière n’était pas une manière de dire que les femmes ne peuvent rien apporter au pays, a-t-elle rassuré. Elle met un accent particulier sur le monde rural, car, « la violence a un visage rural » selon son expérience. En effet, l’entrepreneuriat féminin est à forte dominance informel ; moins de 3% des femmes évoluent dans le formel. Pourtant, c’est cette frange rurale du monde entrepreneurial, regroupant ce qu’il est désormais convenu d’appeler « entrepreneurs privés productifs », qui contribue significativement à la vie de la nation.
Salima Nébié pense que la solution, pour qu’elles exploitent leur plein potentiel au bénéfice de tous, est qu’elles se solidarisent davantage dans leurs luttes revendicatives. Cependant, l’Etat a l’obligation de mettre les moyens à leur disposition pour la production et d’avoir une approche sensible au genre dans la commande publique. A travers plusieurs interventions, les participants ont renchéri sur l’importance de la femme et son rôle primordial dans le contexte actuel. Ce rôle est essentiel, « pour vivre cette crise sans payer le prix fort », affirme la conférencière.
L’association organisatrice…
La Vitrine F est une activité de l’association Hommage aux femmes, créée en juillet 2022 C’est une « association fille » de Hommage aux femmes international créée dans les années 1994 à Montréal au Canada. Son but est de valoriser, d’honorer, de célébrer les femmes. Chaque année, une vingtaine de femmes de différents pays sont accueillies Canada pour une série d’activités. L’un des objectifs de cette activité en cours jusqu’au 22 octobre, est de « Favoriser l’exportation des produits locaux et transformés par nos mamans », selon Ulrich Lonsili, Coordonnateur de l’association Hommage aux femmes international.