Les chiffres sont là, tels de l’encre indélébile. Le dernier recensement de la population du pays l’a encore confirmé : le Burkina Faso compte plus de femmes que d’hommes. Plus de 52% des Burkinabè sont des femmes. Pourtant, elles sont, à des effectifs négligeables voire insignifiants, présentes dans toutes les composantes de la société : politique, économie, finance, environnement, santé, éducation, commerce, etc. Elles s’efforcent au quotidien de contribuer autant que faire se peut à l’édification de la nation burkinabè. Est-ce juste une façade de contribution pour celles qui arrivent à le faire ? La question taraude l’esprit de plus d’un.


Au Burkina Faso, la très faible représentativité des femmes est interpellatrice. Malgré le quota de 30% dans les positionnements politiques ou nominations dans les institutions étatiques, sur leur présence dans les hautes fonctions de l’administration publique et dans les entreprises privées ou encore dans les médias, le constat demeure le même : il y a plus de femmes dans l’arrière-cour que dans les sphères de prise de décisions. Des acquis ont, certes, été engrangés. Cependant, les défis restent encore énormes quant à la pleine participation de l’autre moitié du ciel dans la gestion de la vie de la cité. L’ère de la Transition dirigée par le mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) a sonné comme un espoir.

L’espoir de voir plus de femmes apporter véritablement leur part dans le changement qualitatif du quotidien des Burkinabè. Cet espoir n’aura duré que quelques semaines. Une seule femme a été choisie pour être dans l’équipe de la rédaction de la charte de la Transition. Pas de nominations au sein des forces armées nationales (FAN). Quant au gouvernement tant attendu, on n’y dénombre que cinq (05) femmes sur plus d’une vingtaine de ministres.

Des femmes crient à la marginalisation

C’est une situation qui peut choquer mais elle demeure une bien triste réalité. Oui, de plus en plus de femmes sont impliquées dans les attaques terroristes qui endeuillent d’innocentes familles burkinabè depuis 2016. D’abord actrices passives, des femmes deviennent de plus en plus actives dans les opérations de destructions. Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Qu’est-ce qui a bien pu arriver? Mille et une questions que se posent nombre de Burkinabè. De l’autre côté, dans les centres urbains, des femmes crient à la marginalisation quant à leur implication dans la lutte contre l’insécurité dans le pays. De grands rendez-vous pour la réconciliation sont pris sans les femmes. Le tissu social se déchire davantage. L’espoir est toutefois permis avec la participation de quelques femmes dans le processus du changement. Hors du champ politique, de jeunes associations dirigées par des femmes apportent assistance, soutiens, accompagnement à leurs semblables dans le besoin. Toutes ne nourrissent qu’un espoir : celui de retrouver le Burkina d’hier dans une version améliorée où il fait bon vivre.

Bassératou Kindo