C’est un rêve devenu réalité pour Sermé Florence, une jeune femme titulaire d’une licence en anglais, passionnée d’art. Ce vendredi 26 juillet 2024, à Ouagadougou, entourée de ses amis, parents et de son mentor, elle a procédé au lancement de sa marque de maroquinerie et de bijouterie dénommée « DONAA ».
“Je me suis lancée spécifiquement dans la maroquinerie, parce que c’est un domaine que j’ai apprécié depuis ma tendre enfance,” explique Sermé. Déjà petite, elle confectionnait des accessoires à partir des chutes de tissus. Cette créativité innée l’a poursuivie jusqu’à l’âge adulte, où elle réalisait elle-même ses accessoires pour des occasions spéciales, comme par exemple à son baptême. Même si elle a poursuivi ses études jusqu’à l’obtention d’une licence en anglais à l’Université Joseph Ki-Zerbo, Florence n’a pas pu se détacher de cette envie brûlante de créer.
Une marque qui se veut panafricaine !
“Nous travaillons avec des textiles spécifiquement burkinabè comme le cuir, et aussi avec d’autres textiles africains,” précise Sermé. Elle estime que DONAA tire sa particularité de son caractère panafricain car, pour ses créations, « les pierres utilisées proviennent du Niger, de la Mauritanie et de Madagascar ». Ainsi, plus qu’un “made in Burkina”, la maroquinerie et bijouterie DONAA est le reflet de la volonté de la jeune créatrice de promouvoir le “made in Africa”. D’ailleurs, elle affiche, ambitieuse, sa vision d’étendre sa marque au-delà des frontières burkinabè : « Pour cette marque naissante, ma vision, c’est de m’étendre d’abord au Burkina Faso et ensuite à l’extérieur du Burkina Faso ».
Si les coûts de ses créations peuvent susciter des inquiétudes au regard des matières utilisées, la créatrice, qui se veut rassurante et convaincante, estime que « les gens ne doivent pas avoir peur des prix, car ils sont justes ». En effet, ces prix incluent, en plus des coûts des matières premières, le travail artisanal dont résultent les produits : « c’est un domaine où le travail est fait à la main, surtout au niveau des bijoux ». La clientèle devrait aussi se réjouir, selon Sermé, car en acquérant ses créations, c’est une forme de valorisation des produits locaux. « Si on laisse ce qui nous appartient pour aller valoriser ce qui vient des autres, en ce moment, on perd notre identité culturelle, on perd tout ce qui nous appartient », conclut-elle.
DONAA, le fruit de la persévérance
C’est au cours d’un programme de promotion du leadership féminin dénommé Wolaf, dédié aux jeunes filles, que Florence a été mise sous le mentoring de la réalisatrice burkinabè Apolline Traoré. Présente à cette soirée auprès de sa filleule qu’elle dit avoir pris du plaisir à accompagner, c’est une « maman » satisfaite qui raconte le chemin parcouru ensemble. « Je suis fière d’être là parce qu’il y a un an et demi, j’ai rencontré une jeune fille très réservée, avec un gros manque de confiance en elle, qui voulait entreprendre, mais qui ne savait pas comment s’y prendre », raconte madame Traoré, qui a félicité sa protégée d’avoir réussi le challenge en lui souhaitant plus de combativité dans l’entrepreneuriat. « Je suis extrêmement fière de toi, parce que tu as tenu. Quand on crée, on ne doit pas avoir peur », a-t-elle conclu.
Florence, reconnaissante envers son mentor, témoigne des difficultés qu’elle a traversées et auxquelles elle fait face : « À un moment donné, je n’arrivais pas vraiment à me concentrer à cause de mon environnement ». Si elle a pu surmonter cette étape du processus de création grâce à son mentor, les difficultés financières, elles, restent un défi quasi permanent à relever. « La maroquinerie et la bijouterie demandent assez de moyens financiers », reconnaît-elle, mais elle sait compter sur sa clientèle potentielle pour l’achat de ses créations qui étaient exposées et mises en vente lors de ce lancement.
DONAA signifie « enfant spécial » dans le dialecte de Florence, qui par ce choix veut rendre hommage à ses géniteurs.
Davy Soma