Photo d’illustration: Netafrique


Sous nos cieux existe et se développe un univers, un monde, un milieu avec ses réalités et des codes qui lui sont propres. Là-bas, tous les excès sont permis pour le sexe. Il n’y a pas de règles morales. C’est dans cet univers que se trouvent les “pop” (des filles faciles ou filles mœurs légères) et les “Mc” (Ceux qui fréquentent les “pop”). Quelles pratiques renferment ces terminologies insolites mais d’usage courant dans ces milieux ? Jeunesse Academy vous dévoile un phénomène peu connu mais dangereux pour la jeunesse suite aux investigations de Issouf GNEGNE courant juin-juillet 2022 dans les quartiers Noncin et Rimkiéta de Ouagadougou.

Il n’est pas rare d’apercevoir des filles, mineures pour la plupart, arpenter les allées des quartiers en plein jour. Ces filles dont on ignore la provenance, errent dans la nature à la recherche de leur pain quotidien. Phénomène très en vogue dans certains quartiers de Ouagadougou, ces filles dites ‘’ pop ‘’ ont fui le domicile familial pour s’en remettre à la rue. Là, elles trouvent refuge dans les maquis, les chicha house, les bars, les boîtes de nuit, etc. Employées la plupart du temps comme serveuses, elles servent, en réalité, d’appâts pour attirer une clientèle essentiellement masculine dans ces endroits généralement fréquentés par de jeunes garçons dénommés ‘Mc ‘’ (selon le jargon de ces filles).

Une nuit en passant, pour faire face aux charges

Ne disposant pas d’assez de revenus pour se prendre en charge et subvenir à leurs besoins élémentaires, elles font du vagabondage sexuel une alternative pour se procurer des sous. En effet, la rémunération qu’elles perçoivent ne leur permet pas de couvrir les frais de loyer, des denrées, bref, de s’offrir un minimum de confort. Elles recourent alors à la prostitution.

En réalité, elles couchent avec plusieurs partenaires et sans protection, s’exposant ainsi à des infections sexuellement transmissibles et à des grossesses non désirées. Certaines d’entre elles qui n’ont aucune gite fixe, dorment chez leurs copains ou du moins leurs compagnons d’une nuit.

Sans domicile fixe, à la merci des “Mc”

Le “Mc”, en effet, proposent à celles qui n’ont pas d’endroits où passer la nuit, de les amener chez eux moyennant une Vody ou une Faxe (boissons très alcoolisées). Nul besoin de dire que la “proposition” faite par ces garçons n’est pas de la philanthropie ; ce ne sont pas des enfants de chœur. En témoigne le propos d’un fidèle abonné de ces lieux : « on ne paie pas pour coucher avec une fille ici ; il suffit de lui acheter une vody ou une martins et le tour est joué ».

En d’autre termes, les “pop” sont des proies pour ces garçons qui, sans bourse délier, abusent sexuellement d’elles. Il faut noter que les ‘’Mc ‘’ ne sont pas les seuls à fréquenter ces lieux sus-indiqués à la recherche des ‘’ pop ‘’, on y note aussi la présence d’adultes qui viennent y chercher des filles afin de satisfaire leur libido sans contrepartie financière.

Photo d’illustration: lefaso.net

Des problèmes familiaux

Après avoir échangé avec certaines d’entre elles, nous apprenons qu’elles sont en conflit avec leurs parents. Elles sont mineures. Elles ont toutes (celles que nous avons interrogées) abandonné les études en classe de quatrième (4e). Certaines sont issues de famille modeste, d’autres en revanche, viennent de famille nantie.

Une des “pop” affirme : « cela fera bientôt six (06) mois que je n’ai pas vu mes parents ». Pour diverses raisons, elles refusent de rejoindre leurs familles respectives. « Certains parents ont entrepris des démarches dans le but de les ramener à la maison mais toutes ces démarches ont été infructueuses » nous informe un gérant de débit de boisson. A y voir de près, tout porte à croire que ces dernières ne veulent plus retourner chez leurs parents. Ces comportements sont, entre autres, liés à la crise d’adolescence.

Un autre fléau requérant la vigilance des parents

Finalement, si rien n’est fait, ces adolescentes pourraient bien devenir des prostituées au regard des conditions dans lesquelles elles vivent déjà. Nous estimons que, une fois de plus, c’est aux parents de s’investir davantage dans l’éducation de leurs enfants afin de les éloigner d’une telle vie. Ils doivent redoubler de vigilance quand leurs jeunes filles, à la fleur de l’âge, commencent à découcher ou à fréquenter des endroits similaires à ce que nous venons de décrire comme univers.

Mais il convient de noter que ce phénomène ne saurait être endigué sans une prise de conscience de la société elle-même. Au-delà des familles des « pops », toute la société notamment la jeunesse est donc interpelée.

Issouf Gnégné
Etudiant en droit (Université Thomas Sankara)
(Collaborateur)