La bibliothèque saccagée


Suite aux évènements qui ont survenu le 1er octobre, l’institut français de Ouagadougou, tout comme celui de Bobo-Dioulasso, a été saccagé par des manifestants ; ce qui a prévalu à leur fermeture temporaire. La presse a été invitée ce mardi 12 octobre 2022 pour constater les dégâts causés lors des manifestations à Ouagadougou au sein de l’institut.

Le constat fait sur les lieux est désastreux. C’est en présence du premier responsable, Pierre Muller que les journalistes ont sillonné l’intérieur de cet espace culturel de la capitale. Rien n’a été épargné ; les dégâts se retrouvaient à tous les niveaux. L’entrée principale, la bibliothèque adulte, la salle d’exposition, le petit et le grand Méliès ainsi que la salle de spectacle ont été saccagés. Thierry BAMBARA, régisseur général de l’institut, a ajouté que la cafète a été touchée. Les manifestants n’ont rien laissé à part les livres. « Actuellement, il faut faire un bilan pour savoir ce qui manque. Il y a des instruments qui manquent. Il y a un artiste qui avait ses instruments ici parce qu’il devait faire son concert vendredi, mais tout a été brûlé » dit-il d’un air attristé.

Sahab Koanda : je suis dépassé par les faits

Il faut que les gens fassent la différence entre culture et politique…

La déception se lisait sur les visages des artistes et des promoteurs culturels venus sur les lieux. Les mots manquaient à Sahab KOANDA pour traduire sa déception. « Je suis dépassé par les faits. Les manifestants se sont peut-être dit qu’ils font du mal à la France mais le mal, c’est plus aux Burkinabè, surtout à la culture burkinabè ». Il a aussi déploré la perte des acteurs culturels : « Ce qu’on a perdu est énorme, même si la France part, elle n’emportera pas avec elle les bâtiments et institutions qu’elle a mis en place. Depuis la création de l’institut français, il y a eu pas mal de Burkinabè qui ont eu à jouer ou à présenter un spectacle ici ». Pour lui « quand on perd la culture, on perd beaucoup de choses. Il faut que les gens fassent la différence entre culture, politique et art ».  

L’entrée de l’institut français en piteux état

Désolation des artistes

Abdoul Traoré, artiste musicien et promoteur de festival, fait le même constat. Il estime que l’institut français, c’est juste le nom, sinon il appartient aux Burkinabè parce que la plupart des artistes qui jouent sont des Burkinabè. Il ne pourra plus réaliser son festival à l’institut français à cause des dégâts majeurs causés. « J’avais mon festival de musique en début décembre “la voix de la kora’’. Le festival est dédié aux instrumentistes à cordes. J’étais en partenariat avec l’institut français et c’est ici que cela devait se dérouler » explique-t-il. Puis, il précise : « l’institut me donnait, le lieu, la sono et plein d’autres logistiques, parce que vous savez, nous sommes un jeune festival donc, nous n’avons pas assez de partenariats ». Avec ces événements, c’est la pleine réflexion pour savoir comment tenir l’activité.

Abdoul Traoré : il faut que la population fasse la différence entre culture et politique

Noël MINOUNGOU, artiste comédien et metteur en scène, s’est dit frustré par le constat « Ma frustration est burkinabè, ma frustration est universelle. » lance-t-il, avant de poursuivre : « Je ne peux qu’avoir ce sentiment parce que je viens constater que mon lieu de travail a été vandalisé. Cet espace n’est pas qu’un espace français, c’est mon espace de travail ».

L’intérieur de la bibliothèque

En somme, c’est la culture qui a en a pris un coup à cause dégâts, et ce sont les acteurs culturels qui en paient l’amer prix ; toutes les activités programmées ont été annulées jusqu’à nouvel ordre. Aucune perspective de réouverture ne nous a été donnée par les responsables des lieux visiblement très affectés.

Nefertari Ouedraogo