Dans les médias burkinabè, les femmes journalistes ont encore du mal à accéder aux postes de décision. Pourtant, certaines, à l’image de Samirah Bationo de lefaso.net, refusent de se contenter d’un rôle secondaire. Sacrée journaliste culturelle de l’année aux Faso Music Awards (FAMA ) 2025, elle incarne une voix qui réclame, bien plus qu’un micro, une place légitime dans les espaces d’influence.
Un métier de passion, bien au-delà de l’image
Dans le monde professionnel des médias, des perceptions subsistent encore quant au rôle ou la place du gent féminine. En effet, derrière les caméras ou les micros, les femmes journalistes sont encore trop souvent associées à des rôles d’animation ou de présentation. Une réalité que déplore Samirah Bationo : « Généralement, ce qu’on constate, femme journaliste rime avec la culture, la mode ou l’animation ».
Cependant, les mentalités évoluent. On note une présence croissante de femmes Journalistes Reporters d’Images (JRI). Un changement positif, mais encore insuffisant pour renverser les codes. Samirah nuance : « Ce n’est pas en soi mauvais mais, il serait bien d’avoir une diversité à ce niveau ».
Ainsi, malgré les efforts fournis, beaucoup de femmes restent cantonnées à des fonctions visibles mais peu décisionnelles. C’est une réalité sociale qu’il est nécessaire d’interroger à la racine.
La femme, entre responsabilités professionnelles et contraintes sociales

Dans les rédactions, les postes stratégiques sont majoritairement occupés par des hommes. Ce déséquilibre est lié, selon Samirah, à plusieurs facteurs. Pour elle, si l’expérience est souvent mise en avant pour justifier cette tendance, cela ne suffit pas à expliquer l’absence de femmes dans les hautes sphères médiatiques.
En effet, regrette-t-elle, « on ne donne pas l’opportunité aux femmes de le faire [ndlr : d’occuper ces postes ». À cela s’ajoute la pression familiale qui, bien que négligée ou ignorée, freine l’engagement professionnel de ces dernières qui, en fin de compte « se contentent du strict minimum de travail comparativement à leurs collègues hommes ».
Un exemple de détermination
Samirah veut, dans cet environnement contraignant pour la femme, se démarquer et montrer que sa féminité ne doit pas être un obstacle à la réalisation de ses ambitions. Elle a donc toujours affiché cette volonté d’être actrice de son avenir
Son dernier sacre comme journaliste culturelle de l’année aux FAMA 2025 constitue une preuve matérielle de sa détermination.
Elle incarne une voie d’émancipation pour d’autres jeunes filles passionnées de journalisme mais apeurées eu égard aux stéréotypes tendant à faire croire qu’il est impossible pour elle d’atteindre les sommets qu’elles visent. A ce stade de sa carrière, Samirah montre que les femmes peuvent exceller à condition qu’on leur en donne les moyens et en considérant les contraintes sociales inhérentes à leur nature.
La Rédaction