Du jeudi 5 au samedi 7 septembre 2024, les acteurs du secteur privé burkinabè ont tenue leurs premiers états généraux sous l’égide du Conseil national du patronat burkinabè (CNPB). Déroulés à Ouagadougou, les travaux et réflexions de ces trois jours ont abouti à des recommandations et résolutions présentées en partie à la cérémonie de clôture.

« Quelle contribution du secteur privé au développement économique et social du Burkina Faso ? États des lieux, enjeux et perspectives », ainsi s’intitulait le thème central qui a orienté, 72 heures durant, les premiers états généraux du secteur privé burkinabè. À voir les activités inscrites au programme, on peut convenir que les participants n’ont pas été oisifs en termes de réflexions. En effet, entre panels et ateliers, cinq (5) sous-thèmes ont été au cœur des échanges journaliers.

Panel sur les structures d’accompagnement du secteur privé, modéré par Tertius Zongo, ancien premier ministre

Des réflexions pointues sur le secteur privé

La restitution d’une étude sur « la contribution du secteur privé à la nation burkinabè d’hier à demain » a été le point de départ de ces états généraux qui avaient pour pays invité d’honneur le Mali. Présentée par le Dr Seydou Ra-Sablga Ouédraogo, cette étude a permis aux participants de prendre la mesure de l’importance du secteur privé dans la vie économique du Burkina Faso. Entre autres, il ressort une contribution majeure dans divers secteurs dont l’emploi, l’enseignement et les investissements notamment dans le secteur minier. Si d’une part 9 emplois sur 10 sont pourvus par le privé, d’autre part, ce secteur reste dominé par des formes d’entreprises personnelles.

Au total, ce sont cinq panels, tenus les matinées, assortis d’ateliers les après-midis qui ont meublé les journées des 5 et 6 septembre. Les réflexions ont porté, respectivement sur : les réformes de l’environnement des affaires ; la contribution du secteur privé à l’atteinte de la souveraineté alimentaire au Burkina ; les structures d’appui et d’encadrement ; le partenariat public privé et, enfin, la promotion de la Responsabilité sociale des entreprises (RSE) et de la durabilité. On retiendra une unanimité des participants sur une nécessité relevée par les panélistes Dr Issaka Kargougou et M. Karim Ouattara. Tandis que pour le premier, Directeur général adjoint de Coris Invest Group, « le secteur public et l’État sont des copilotes », pour le second, ils constituent « un couple inséparable ». Ils s’accordent avec les participants sur le besoin d’un renforcement de la collaboration entre ces deux entités pour un mieux-être des populations.

Des recommandations et résolutions fortes à l’issue des travaux

La cérémonie de clôture survenue le samedi 7 septembre a été la tribune de présentation de ce que les entrepreneurs burkinabè ont formulé comme conclusions au sortir des états généraux. Ainsi, après la séance plénière qui a précédé ladite cérémonie, les participants ont retenu 24 recommandations et 9 résolutions dont « les plus significatives » ont été portées à la connaissance de l’assistance.

Entre autres recommandations, on peut donc retenir : l’instauration d’un cadre de concertation de haut niveau entre le gouvernement et le CNPB sur les questions stratégiques opérationnelles de développement économique et social du Burkina Faso ; la prise d’un texte pour l’instauration d’une cotisation spéciale des entreprises au Burkina Faso à verser au CNPB pour financer ses activités (le taux et le mécanisme de financement restent à définir) ; l’identification d’entreprises privées à caractère hautement stratégique pour le Burkina Faso en vue de l’élaboration et l’adoption d’un code de bonne conduite qu’elles devront appliquer, la mise en place, au sommet de l’État, d’un dispositif d’accompagnement, de suivi et de protection desdites entreprises ; la prise de mesures fortes par l’État afin de protéger les acteurs de la chaine de la filière du coton contre, notamment, l’importation de matières premières entrant dans la fabrication du tissu “Faso Danfani” ; la mise en place d’un plan d’apurement de la dette intérieure afin de relancer l’économie nationale.

Le représentant du premier ministre, Jean Emmanuel Ouédraogo à la cérémonie de clôture

Au titre des résolutions, les participants se sont engagés : à poursuivre la promotion du civisme fiscal auprès de l’ensemble des acteurs du secteur privé ; à promouvoir les filières émergentes en accord avec les besoins de l’économie nationale pour favoriser l’insertion professionnelles des jeunes diplômés ; à offrir plus de postes de stages aux étudiants en fin de cycle et de postes en apprentissage aux apprenants des structures de formation publiques et privées. Ils ont également réaffirmé leur engagement à jouer leur partition pour la réalisation de la souveraineté alimentaire du Burkina Faso. La dernière résolution présentée consiste en la mise en place, au sein du CNPB, d’un observatoire du contenu local dont le but sera de concevoir une politique nationale qui soutienne le tissu industriel et l’économie nationale dans la création de valeurs et d’emplois.

Pour plus d’efficacité dans la mise en œuvre effectives de ces conclusions, les participants ont recommandé la mise en place d’un comité de suivi et d’évaluation des recommandations des états généraux du secteur privé qui sera composé de représentants de la présidence du Faso, de la primature et du secteur privé. Le gouvernement, représenté par son porte-parole, le ministre d’État Jean Emmanuel Ouédraogo, dit prendre bonne note et reste ouvert aux propositions, tout en affirmant sa satisfaction quant à la tenue de cette rencontre des acteurs du secteur privé burkinabè.

Davy Soma