Bertrand Naon, âgé de 25 ans, est actuellement candidat à la profession d’ingénieur au Canada. Il habite dans la ville de Québec City et s’est installé au Canada depuis six ans. Il a fait des études primaires au Burkina Faso entre les villes de Koudougou et de Dédougou. Par la suite, il a étudié à Ouagadougou où il a obtenu son baccalauréat série D au Lycée privé La Salle Badenya. Dans l’objectif de faire des études en Génie civil, le jeune bachelier a migré vers le Canada. Il a obtenu un bachelor en Génie civil à l’Université du Québec à Chicoutimi et est actuellement Candidat à la profession d’ingénieur civil. Bertrand a été le président de l’association des Burkinabè de la région du Saguenay Lac-Saint Jean de 2019 à 2021. Aussi, passionné de sport, il a participé pendant cinq saisons aux activités d’athlétisme de son université. D’autres activités comme la compétition de Canoë de béton, qui regroupe plusieurs universités du pays, lui ont permis de voyager à travers le Canada.
Le Saguenay Lac-Saint-Jean est une région située au Nord-est de la province du Québec. Il y a environ 200 Burkinabè qui vivent dans cette région du Canada. Bertrand Naon nous fait découvrir leur quotidien. Il a été le président de l’association des Burkinabè du Saguenay Lac-Saint-Jean pendant deux années, d’août 2019 à septembre 2021. C’est une association qui existe depuis 2016 et qui compte environ 120 membres.
Jeunesse Academy: Comment se fait la connexion entre Burkinabè de la région de Saguenay LacSaint-Jean, surtout pour ceux qui viennent d’arriver ?
Bertrand Naon: Lorsqu’un Burkinabè arrive dans la région, pour la plupart du temps, il a déjà été mis en contact avec quelqu’un qui y est installé. Cette personne de référence met en contact la personne qui vient d’arriver avec les dirigeants de l’association. Dans la majeure partie des cas, les dirigeants de l’association s’arrangent à trouver un logement décent aux nouveaux. Ils participent aussi aux activités de l’association pour leur permettre d’être moins dépaysés et de participer à la vie communautaire.
Quelles sont les conditions de vie et le taux d’insertion professionnelle des Burkinabè dans cette région ?
Les Burkinabè de la région sont très battants. Nombreux sont ceux qui travaillent pour subvenir à leurs besoins tout en étudiant. Cette combativité est bien reconnue et très appréciée. Ils vivent dans des appartements qu’ils louent chaque mois. Avec la demande de main d’œuvre élevée dans la région, le taux d’insertion professionnel dans la région est bon même si je n’ai pas de chiffres exacts.
Quelles sont les actions que mène l’association pour les ressortissants burkinabè ?
L’association recense les nouveaux arrivants et les aident dans leurs dé- marches de recherche de logement. En plus, elle organise des activités qui permettent aux nouveaux arrivants non seulement de rencontrer les anciens mais également de se socialiser.
L’association organise également des conférences, des formations en entrepreneuriat et d’autres activités pouvant contribuer au développement personnel de ses membres. L’association dispose d’un fonds d’urgence pour aider ses membres qui se trouveraient dans des situations difficiles et partage des renseignements utiles à travers les réseaux sociaux de l’association.
Etant un pays au climat très froid, comment se fait l’adaptation des Burkinabè, particulièrement ceux qui n’ont pas les moyens de se réchauffer ?
En hiver, les maisons disposent de chauffage pour réchauffer les occupants; lors des sorties, les gens se réchauffent à travers des vêtements chauds et adaptés. Les Burkinabè qui n’ont pas les moyens achètent des manteaux offerts à bas prix par des organismes communautaires, le temps pour eux, de travailler pour avoir de l’argent et s’acheter des nouveaux manteaux. L’ambassade se déplace souvent dans la région pour écouter les préoccupations des Burkinabè.
Quel est le programme d’activité de l’association en général ?
Après l’élection du bureau, l’association procède à l’accueil des nouveaux arrivants d’Automne. Des activités sont menées pour les congés de milieu de session, ainsi qu’une assemblée générale pour voter des textes. Le 11 décembre, nous commémorons l’indépendance du Burkina Faso même si cela se passe à des milliers de kilomètres. Nous fêtons le réveillon de la Saint Sylvestre en communauté, comme ce fut le cas en décembre, en présentiel en 2019 et en virtuel en 2020 à cause de la maladie à coronavirus.
En janvier, nous accueillons de nouveaux arrivants d’hiver qui vont participer à des activités commémorant le mois de l’histoire des noirs (Concours vestimentaire et de danse, partage de réalisations). L’association célèbre également la journée de la femme en mars. Entre mai et avril, nous organisons des conférences autour de thèmes qui concernent notre communauté.
Menez-vous parfois des activités au Burkina Faso ?
Oui, il nous est arrivé de participer à une collecte de fonds avec d’autres associations burkinabè existant au Canada ; les bénéfices sont allés aux déplacés internes du Burkina. L’association dispose également d’un fonds spécial qui recueille une partie des cotisations des membres pour réaliser une action au Burkina chaque année.
Quel est votre message à l’endroit de votre nation et des Burkinabè qui aimeraient coûte que coûte venir au Canada ?
À l’endroit de la nation, je dirais que nous suivons la situation actuelle qui prévaut dans notre pays et que nous nous organisons pour apporter notre pierre à l’édification de la nation à travers diverses associations et organisations. Pour ceux qui veulent coûte que coûte venir au Canada, je dirais que le Canada est un pays ouvert et très accueillant. Cependant, pour pouvoir y venir, il faut respecter certaines exigences.
La Rédaction