Après cinq (05) ans de silence, le rappeur sénégalais Didier Awadi signe son retour sur le marché discographique. Il a présenté son dernier album “Quand on refuse on dit non” lors d’une conférence de presse tenue en marge du FESPACO 2023. C’était le vendredi 4 mars 2023 au Centre national de presse Norbert Zongo à Ouagadougou.
Quand on refuse on dit non est le nom du nouvel album de Didier Awadi, le rappeur aux 33 années de carrière. Panafricain devant l’éternel, l’homme a toujours été constant dans son engagement. Cela se ressent encore dans ce nouvel album de douze (12) titres, présenté aux hommes et femmes de médias. On y retrouve naturellement des titres engagés comme géométrie variable, l’Africain, etc. et d’autres plus “simples” à l’image de Maman et El Chadaï.
Selon Awadi, auteur de l’album à succès Made in Africa en 2018, cette nouvelle œuvre est un hommage à Ahmadou Kourouma. En effet, c’est le titre d’un roman de cet illustre écrivain ivoirien, « Quand on refuse on dit non », que l’artiste a emprunté pour baptiser son album.
Un album mais aussi un projet artistique qui reste tranchant
En plus de l’aspect musique, Quand on refuse on dit non est aussi un projet artistique qui prend en compte le cinéma et la photographie. En effet, l’artiste surnommé Le Général par ses pairs pour son engagement, a présenté à la presse son premier court-métrage. Dans ce film, l’artiste nous replonge dans un passé douloureux qu’est l’esclavage.
Mais le scénario que propose Didier Awadi est assez rare : le rôle d’esclave est joué par des hommes de race blanche, tandis que celui des exploiteurs est confié à des hommes de race noire et d’origine asiatique. De quoi susciter la curiosité d’un journaliste sur ce choix. En réponse, Didier Awadi dit avoir voulu montrer que la violence, la douleur et la souffrance n’ont aucun lien avec la race.
Comme à l’accoutumée, l’artiste n’a pas manqué de s’exprimer sur l’actualité du continent africain. “Nous sommes contre le troisième mandat de Macky Sall, et j’espère qu’il le comprendra” a-t-il prévenu. De même, il fustige l’attitude de certains Africains qui réclament à voir et à cris un protectorat russe dans certains pays africains comme le Burkina Faso. “On ne doit pas fuir la maison d’un maître pour aller dans la maison d’un autre ; nous devons être maîtres de notre destin”, a-t-il déclaré.
“On ne peut qu’être fier de l’homme”
Venus pour soutenir celui qu’ils appellent grand frère, Serge Bayala et l’artiste Smockey, bien connus au Burkina Faso pour leur engagement social, ne sont pas passées par quatre chemins pour dire leur admiration pour Didier Awadi. “Je rends hommage au grand frère, pour le travail et pour cette œuvre discographique”, a laissé entendre Smokey de son vrai nom, Serge Bambara.
Serge Bayala a, quant à lui, salué la longévité constante de l’artiste qui, selon lui, “n’a jamais retourné la veste”. Pour cet acteur de la société civile burkinabè, il importe de trouver un moyen de soutenir les artistes dits engagés, afin de leur permettre de continuer le combat sans retourner la veste, comme Didier Awadi.
“Il faut accepter de se remettre en question, il faut toujours innover“, tel est, selon Awadi, le secret de sa longévité dans la musique avec un engagement constant.
L’album “Quand on refuse on dit non” est le septième de l’artiste en 33 ans de carrière. Pour la première fois Didier Awadi et son équipe ont opté de ne distribuer un album uniquement en version numérique. Ils justifient cette option par la disparition des DVD engendrée par l’évolution du numérique. Espérons que ce nouvel opus connaîtra le même succès que les précédents.
Adrien Djiguemdé