Producteur, manager à succès, animateur télé, présentateur du Grand Café, Papus Zongo n’est plus à présenter dans le monde de la musique. Surnommé Commandant Papus, il est incontestablement l’une des icônes du showbiz et de la musique burkinabè au regard de son engagement et des artistes qu’il a dénichés et propulsés. Votre magazine Jeunesse Academy est allé à sa rencontre et c’est à cœur ouvert qu’ont eu lieu les échanges dont nous vous proposons le contenu.

Parlez-nous de votre domaine sinon, de vos différents domaines d’activité

Au début, on est employé. On voit comment les choses se passent, on se dit que c’est facile, on a toujours la paye à la fin du mois. C’est quand on se met à son propre compte qu’on se rend compte qu’on fait face à des charges fixes, des engagements à respecter. Le chef d’entreprise, c’est quelqu’un qui n’a pas le droit de dormir.
Mes débuts ont été évidemment difficiles. C’est avec enthousiasme qu’on commence, mais avec le temps, on finit par voir que c’est la croix et la bannière. Mais la patience reste toujours de mise et je crois que c’est ce qui nous dirige aussi.

Quels artistes avez-vous produits et soutenus à vos débuts ?

D’abord, j’ai cheminé en tant que manager avec le groupe As DJ ; j’ai fait la direction artistique de leur album. J’ai aussi travaillé avec Bill Aka Kora en tant que manager avant de me retrouver avec Floby en tant que producteur de son premier album en 2006. Après Floby, il y a eu Wendy, Dabross, Eunice Goula et beaucoup de collectifs que j’ai réunis sur des concepts tels que génération partage 1 et génération partage.

Credit photo: Page facebook Papus

Le domaine du showbiz, particulièrement les métiers de manager et producteur, est en vogue de nos jours. Comment cela s’explique ?

Cela est dû au fait que la production connaît un développement. De plus en plus, on retrouve des jeunes qui veulent chanter. De nos jours, avec la technologie, il est plus aisé pour un jeune de trouver un studio.
Il y a plus d’artistes, donc, il faut qu’ils aient l’accompagnement nécessaire. C’est ce qui crée le besoin d’avoir des managers, des producteurs, des studios d’arrangement. C’est un secteur en pleine ascension, mais, on ne doit pas pour autant occulter les difficultés dans ce domaine.

Aujourd’hui, il est difficile d’occulter votre nom dans le milieu culturel musical. À quoi devez-vous cette notoriété ?

Ce fait est aussi lié à mon parcours. Nous sommes venus à un moment où on a fait des choses qui ont été remarquées et on essaie de tenir le coup malgré les difficultés. Il y a également le fait que mon nom soit associé à beaucoup de projets ; je reste l’ami, le confident, le frère de plusieurs artistes du milieu, sans clivage.
J’ai fait à peine 10 ans de production mais ma vision va bien au-delà. Donc, qu’un artiste soit de mon écurie ou pas, j’essaie de voir comment chacun peut apporter sa contribution pour que la musique burkinabè puisse évoluer.

Pour être manager ou producteur, avez-vous suivi une formation particulière ?

Un manager peut être ton frère, ta sœur ou un ami, mais c’est quelqu’un de très passionné qui connaît la musique, qui te connaît humainement et qui a un minimum de connaissance du milieu de la musique. Personnellement, j’ai suivi des formations qui ont duré sur trois ans avec quelques amis. Cette formation m’a permis de voyager à l’extérieur pour voir comment fonctionne l’industrie musicale dans le monde, (Espagne, France…).
Ces voyages m’ont permis de rencontrer des professionnels qui m’ont surtout permis de comprendre l’industrie musicale.
Ces formations permettent de savoir qu’un manager, c’est quelqu’un qui est capable de diriger une carrière parce qu’il sait où trouver le bon juriste pour bien regarder les contrats de production, d’édition et tout autre contrat lié aux intérêts de l’artiste. Il est censé savoir quelle est la bonne maison de disque, quels sont les bons promoteurs, etc. C’est quelqu’un qui a une large connaissance du milieu.

Vous êtes producteur et manager d’artistes, producteur et animateur d’émission télé, et bien d’autres choses dans le milieu évènementiel. Comment arrivez-vous à concilier tout cela ?

Je pense que c’est une suite logique. Il n’y a pas de rupture, parce que le producteur et le manager sont dans le même environnement. Pour produire, il faut un suivi et le suivi, c’est le manager.
Je suis dans le même environnement en tant qu’animateur parce que j’ai souvent affaire aux artistes. Dans « Le grand café » que j’anime, j’ai affaire à plusieurs profils : des personnalités connues notamment des artistes, des politiques, des sportifs et bien d’autres. C’est un métier que j’aime bien.
J’arrive à m’organiser en faisant un planning ; en plus, je ne suis pas seul. C’est une entreprise, donc j’ai des partenaires et des collaborateurs, je sais déléguer aussi certaines tâches.

Que diriez-vous à ceux qui se lancent dans le métier de manager ?

Si on vient dans le métier par passion et pas pour frimer, si on a compris que c’est un métier dont on peut vivre, c’est bien. Sinon, on viendra juste pour faire un passage juste pour être vu par son entourage. Si on veut en faire un métier, c’est bien de se former et de connaître le milieu.

Quels conseils donnez-vous à la jeunesse en général, et celle qui veut entreprendre en particulier ?

Je pense qu’il serait prétentieux de ma part de vouloir jouer au conseiller. Je pense que moi-même, je tisse ma toile actuellement ; on apprend tous les uns des autres.
Par contre, tout ce que je peux dire, c’est d’aimer ce que l’on fait. Pour moi, c’est le plus important ; quand on est dans cette posture, on peut déplacer des montagnes.
Dans les périodes de difficultés, c’est votre hargne, votre passion et votre professionnalisme qui fera la différence. Quand on est honnête et qu’on veut faire quelque chose par passion, il y a quelque chose qui se dessine à l’horizon. Soyons sérieux dans ce que nous faisons si nous voulons réussir dans un métier.

Rachid Ouédraogo