L’Institut Supérieur de Sécurité Humaine (ISSH) a débuté sa série de soutenances ce lundi 2 décembre 2024 avec un thème d’actualité étudié par Kpoda Malti Lynn, pour l’obtention de la licence en Action humanitaire. L’impétrante a su convaincre le jury qui a attribué une note de 17 sur 20 à son travail qui alerte la société sur l’avenir des jeunes mis en péril par les boissons interdites et les stupéfiants qu’ils consomment.

Malti Lynn Kpoda en présentation –©JA

Il est 8h lorsque, devant le jury présidé par Dr Pascal Bonkoungou, Maître-Assistant au département de philosophie à l’Université Joseph Ki-Zerbo, l’étudiante Malti Lynn Kpoda entame la présentation de son travail qui a porté sur le thème : « Consommation des stupéfiants et boissons interdites en milieu scolaire : état des lieux dans la ville de Ouagadougou ». Durant la quinzaine de minutes qui lui était accordée, elle a montré, à travers les résultats de ses recherches, que les élèves, à partir de 9 ans commencent à consommer les stupéfiants, notamment la cigarette.

Une consommation diversifiée de produits prohibés

Exposés sur une table, les boissons interdites et les stupéfiants consommés en milieu scolaire sont, entre autres, des boissons énergisantes, celles alcoolisées, des cigarettes de diverses marques et la chicha. Il ressort que, vendus souvent à proximité des écoles, ces produits dangereux pour la santé physique et mentale, dégradent le rendement des élèves. Cette hypothèse, démontrée par l’impétrante, est la résultante de pratiques subtiles entre les élèves consommateurs.

Quelques boissons et stupéfiants exposées –©JA

En effet, Malti Lynn explique que les plus jeunes, à qui les commerçants refusent de vendre lesdits produits à cause de leur âge, passent par leurs ainés pour se les procurer. Outre cette complicité interne, elle signale également que les emballages de ces produits font qu’ils peuvent passer inaperçus. Présentant au jury un flacon anodin, elle révèle qu’il contient de la chicha consommée par les collégiens.

« Il y a d’autres produits qui se présentent comme des stylos alors que c’est de la drogue », renchérit demoiselle Kpoda, qui expose ainsi une des stratégies des fabricants pour vendre leurs produits. « Un enfant peut tenir et consommer ceci en votre présence sans que vous ne vous doutiez de quoi que ce soit » a-t-elle déploré. Pour elle, ce qu’elle qualifie de fléau s’explique par un effet de mode entre camarades poussés par un désir d’affirmation de soi. Cependant, elle estime aussi que cela résulte de l’imitation de ce que font les adultes, notamment les parents qui consomment ces produits au vu et au su de leurs progénitures.

Des recommandations pour « un avenir radieux des jeunes »

Après la brillante soutenance- ©Elvis

Le mémoire de Malti Lynn est assorti de quelques recommandations adressées distinctement aux autorités gouvernementales, au corps éducatif et aux parents, et à l’endroit des élèves. Promouvoir toujours les actions de lutte contre la drogue et les boissons interdites, prendre en charge les élèves addictes à travers des politiques spécifiques et la construction de plus de centres de désintoxication, tel est le plaidoyer de l’étudiante auprès du gouvernement.

Aux enseignants et aux parents, elle demande, entre autres, le contrôle des marchandises vendues à l’école et l’interdiction de faire des publicités pouvant inciter les élèves à la consommation des produits en cause. Créer un environnement familial de confiance qui permette aux élèves de s’ouvrir sur les problèmes qu’ils rencontrent est un effort que demande l’impétrante aux parents.

Quant aux élèves, principaux concernés, ils sont appelés à dénoncer les points de vente ou de ravitaillement. Pour Lynn, au lieu de stigmatiser leurs camarades sous emprise des stupéfiants et boissons interdites, ils devraient les soutenir, surtout ceux qui veulent arrêter d’en consommer. En outre, elle recommande à ceux qui sont addicts, de commencer déjà par modérer leur consommation. 

Un document jugé « recevable » par le jury

D’une part, le jury est unanime sur la nécessité de reformuler le thème en le circonscrivant non pas à la ville de Ouagadougou dans son ensemble, mais aux arrondissements 5, 10 et 11, concernés par l’étude. D’autre part, les membres s’accordent sur la qualité et la pertinence du travail réalisé par l’impétrante. Sous réserves de quelques observations, ils lui ont attribué la mention très bien avec la notre de 17 sur 20.

« C’est un travail qui est très bien écrit, avec moins de problèmes comme on a l’habitude de le voir. Quant à son intérêt pratique, c’est vraiment une thématique d’actualité », apprécie le président de jury. Puis, d’ajouter : « nous sommes dans une société où les enfants font ce qu’ils voient. Donc, ce fléau nous interpelle tous, surtout nous adultes, à plus de vigilance ». Madame Souhadou Diasso qui a encadré l’impétrante, se dit satisfaite d’avoir travaillé « avec une étudiante très studieuse et très sage, qui écoutait et prenait en compte les remarques faites pendant la période qu’a duré l’encadrement ».  

Pour Alain Kpoda, fier de sa fille, le problème posé est « une responsabilité partagée ».  L’enfant étant « une responsabilité voulue par les parents », il soutient que ces derniers ne doivent pas la fuir et « croire que le milieu éducatif doit prendre en charge tous les problèmes de société ». Malti Lynn, très émue, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle entend porter ce combat contre le fléau tout en poursuivant ses études en master option sécurité alimentaire et nutrition en situation d’urgence. En effet, clarifie-t-elle : « Nous sommes prête à envoyer ce que nous avons eu comme résultats à l’UNICEF pour qu’elle puisse nous accompagner dans cette lutte. Pourquoi ne pas être l’ambassadrice de la lutte contre la consommation de ces stupéfiants en milieu scolaire ? »

Davy Soma