La gent féminine au Burkina Faso, à l’instar des pays de la sous-région, est souvent en proie à des irrégularités et des injustices. Les femmes n’ont souvent pas accès aux ressources nécessaires pour développer leurs activités. C’est dans un tel contexte que, pour pallier cette insuffisance, l’Etat burkinabè, à travers le Fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes (FAARF), octroie des crédits aux femmes pour mener leurs activités. Jeunesse Academy s’est intéressé à cette institution à travers une interview avec la directrice.
Madame Ravigsida Dorcas TIENDREBEOGO née COMPAORE est une professionnelle du domaine des finances et de l’économie. En effet, titulaire d’un doctorat en économie financière, alors âgée de 28 ans, elle engrange un parcours plein d’expériences dans les domaines de l’économétrie, de la banque finance, de la macro et microéconomie. C’est après ces années de pratiques diversifiées et riches qu’elle sera nommée Directrice générale du Fonds d’Appui aux Activités rémunératrices des femmes (FAARF), fonction qu’elle occupe actuellement.
Jeunesse Academy : Qu’estce que le Fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes (FAARF) ? Quels sont ses missions et son rôle ?
Dorcas TIENDREBEOGO: Le Fonds d’Appui aux Activités rémunératrices des Femmes (FAARF) est une structure de financement créée en 1990 et placée sous la tutelle financière du Ministère en charge des finances et sous la tutelle technique du Ministère du Genre (ex-ministère de la femme, de la Solidarité nationale, de la famille et de l’Action humanitaire) depuis septembre 2018. Il est un fonds national de financement, considéré comme établissement public de l’Etat, autonome dans sa gestion. Il faut rappeler que parmi les 10 fonds nationaux de financement que compte le Burkina Faso, le FARRF est l’unique exclusivement dédié aux femmes. La mission principale du FAARF est d’octroyer des crédits aux femmes pour leurs activités génératrices et de leur accorder des formations pour une meilleure gestion de leurs entreprises. Notre rôle c’est de pousser celles qui sont moins nanties vers le haut, vers un développement pérenne. Il faut noter que nous commençons par des petits montants avant d’évoluer aux gros montants afin de faire bâtir aux bénéficiaires un « historique de crédits» solide. Les montants augmentent par palier après un bon remboursement. Au-delà de l’octroi de crédits, nous avons pour mission la formation de ces bénéficiaires dans la meilleure gestion de leurs activités génératrices de revenus (AGR). Le FAARF est présent sur tout le territoire national à travers un large réseau fort de 89 gestionnaires de crédit réparties dans les 45 provinces dans 4544 villages du Burkina Faso. Il est déconcentré dans les régions à travers des antennes régionales dont celle des Hauts-Bassins, basée à Bobo-Dioulasso, qui constitue l’antenne pilote. Deux autres antennes ont été créées dans le Centre-Nord (Kaya) et dans la Boucle du Mouhoun (Dédougou) et sont en cours d’opérationnalisation.
Qu’est-ce qui a prévalu à la création de ce fonds dédié exclusivement aux femmes ?
Le FAARF est né de la préoccupation des femmes dans les années 1990 à avoir une banque uniquement pour elles, mais sans les inconvénients de la banque que constituaient particulièrement les taux d’intérêt élevés et la nécessité de fournir des garanties comme le PUH. Ainsi, en réponse à leur doléance, le fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes a été créé en septembre 1990. En septembre 2018, sous l’accord des autorités en place, le FAARF a pris une nouvelle ampleur en passant sous la tutelle technique du ministère en charge de la femme. L’ambition du FAARF depuis sa création, c’est de favoriser l’émergence des AGR de la population féminine en vue d’assurer un impact réel sur la croissance économique tant au niveau local que central du garanties comme le PUH. Ainsi, en réponse à leur doléance, le fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes a été créé en septembre 1990. En septembre 2018, sous l’accord des autorités en place, le FAARF a pris une nouvelle ampleur en passant sous la tutelle technique du ministère en charge de la femme. L’ambition du FAARF depuis sa création, c’est de favoriser l’émergence des AGR de la population féminine en vue d’assurer un impact réel sur la croissance économique tant au niveau local que central du garanties comme le PUH. Ainsi, en réponse à leur doléance, le fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes a été créé en septembre 1990. En septembre 2018, sous l’accord des autorités en place, le FAARF a pris une nouvelle ampleur en passant sous la tutelle technique du ministère en charge de la femme. L’ambition du FAARF depuis sa création, c’est de favoriser l’émergence des AGR de la population féminine en vue d’assurer un impact réel sur la croissance économique tant au niveau local que central du Burkina Faso.
« La force du FAARF se trouve dans sa proximité avec les femmes »
Comment les femmes peuvent-elles avoir accès aux financements du FAARF ? Comment se fait la sélection des dossiers ?
Le FAARF intervient dans le domaine du crédit aux femmes du Burkina Faso, surtout celles rurales, pour toutes leurs activités génératrices. Nous octroyons des crédits à court terme aux femmes battantes, actives dans tous les secteurs (primaire, secondaire ou tertiaire) et n’étant ni salariées du public, ni du privé. Nous ne réclamons aucune garantie matérielle ou financière. Le FAARF octroie les crédits aux groupements/ associations ou aux groupes solidaires et aux individuelles. La copie de la CNIB et les photos d’identité des intéressés, et des premières responsables, comme documents, suffisent pour accéder aux financements. La solidarité dans le groupe et le travail assidu de ces femmes constituent un socle fort et nous ne cessons de le leur faire connaitre.
Il faut noter que la proximité de nos gestionnaires de crédits avec nos bénéficiaires permet une réelle inclusion de toutes les couches sociales. En effet, la force du FAARF se trouve dans sa proximité avec les femmes qui constitue sa cible. Ces gestionnaires de crédits qui constituent la cheville ouvrière du FAARF, sillonnent dans les différentes localités pour assister les femmes dans le montage de leur dossier. Toute femme intéressée peut prendre attache avec la gestionnaire du FAARF en fonction de sa localité.
« L’important pour le FAARF, c’est l’impact de ces crédits dans la vie des femmes bénéficiaires et de leurs familles. »
Environ combien de femmes le FAARF a-t-il pu financer depuis sa création ?
Depuis sa création, le FAARF a fortement impacté les femmes à travers les crédits et les formations. En termes de crédits, de 1991 à décembre 2021, plus de 141 813 370 435 F CFA ont été octroyés à 2 445 798 femmes burkinabè sur le territoire national. Durant l’année 2021 uniquement, presque 20 milliards ont été octroyés à 132 000 femmes sur tout le territoire burkinabè. Pour ce qui concerne les formations, 54 376 femmes ont déjà été formées sur diverses thématiques telles que le marketing et la gestion. De par son expertise, le FAARF est souvent sollicité pour la mise en œuvre de projets et programmes. Alors, au titre des projets/programmes, nous avons : – Le Fonds de Relance économique (FRE-COVID) lancé par le gouvernement en 2020 : un montant de cinq milliards (5 000 000 000) de francs CFA a été mis à la disposition du FAARF pour la période 2020- 2021. Ces fonds ont bénéficié à 20 342 femmes sur toute l’étendue du territoire burkinabè, dont 137 femmes vivant avec un handicap. À la date de décembre de 2021, 17 883 ont pu bénéficier d’un montant de 4 175 600 000. Le déblocage des crédits est toujours en cours et se poursuit. – Fonds de l’Amitié et de coopération ivoiro-burkinabè pour la promotion de la femme (FACIBF) : lancé en 2020, le FACIBF a été mis en œuvre par le Ministère en charge des questions de la femme à travers le FAARF pour accompagner les projets intégrateurs des femmes des deux pays que sont le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Au total, 42 projets des femmes ont été sélectionnés à l’issue d’un appel à projets pour un montant global de 250 000 000 FCFA. – Le Programme d’Appui au Développement des Économies Locales (PADEL) : le FAARF met en œuvre la composante 4 de ce programme gouvernemental. Avec un début dans sept (07) régions pilotes, le FAARF octroie exclusivement les crédits aux femmes et les autres Services financiers décentralisés (SFD) partenaires de mise en œuvre, aux hommes. Alors, pour ces régions pilotes, un montant de 988 769 835 de francs CFA a été octroyé à 7 749 femmes à la date de
2021. Au-delà de ces montants octroyés, l’important pour le FAARF, c’est l’impact de ces crédits dans la vie des femmes bénéficiaires et de leurs familles. Cet impact positif a été démontré au travers d’une étude d’impact diligentée en 2020. Cette étude statistique a été soutenue par un livre de témoignages disponible pour tout citoyen Burkinabè.
« L’autonomisation de la femme passe par son autonomisation économique. »
Quels sont les défis auxquels le FAARF est confronté?
Avant toute chose, le FAARF se doit de féliciter les femmes bénéficiaires, parce qu’elles remboursent bien sans grands encombres. Nous avons en moyenne un taux de remboursement de plus de 95%. Nous sensibilisons toujours nos femmes à ce qu’elles sachent que nous faisons du revolving, c’est-à- dire le refinancement à partir des remboursements d’où l’importance de bien rembourser pour permettre à d’autres d’obtenir le crédit. Les femmes sont aussi conscientes que sans remboursement, elles ne peuvent pas avoir un montant plus élevé. Cependant, nous sommes tout de même confrontés aux préoccupations actuelles d’ordre sécuritaire que vit notre cher pays depuis quelques années. Nous intervenons sur tout le territoire national et l’impact est réel et n’est plus à démontrer. Les plus grands défis du moment pour tous, c’est la sécurité et la situation sociosanitaire qui ont secoué le monde et ont laissé un impact indélébile sur la croissance économique. Nous souhaitons très vivement un retour à la stabilité sécuritaire et sociosanitaire pour pouvoir continuer à impacter les femmes dans les zones rurales où nous sommes conscients de leurs apports au développement socioéconomique.
Quelles sont les principales difficultés liées l’autonomisation des femmes au Burkina Faso?
Au-delà des pesanteurs socioculturelles, un principal défi dans l’autonomisation des femmes reste leur accès aux financements de leurs entreprises et nous pensons que nous sommes déjà la solution. Nous devons travailler à relever ce défi et offrir une opportunité à la femme d’être plus compétitive dans le marché mondial. La vision de croitre, de ne pas se contenter du minimum, est une valeur à cultiver pour pouvoir positionner le Burkina Faso à travers les femmes sur l’échiquier de la croissance. L’autonomisation de la femme passe par son autonomisation économique à travers le travail, l’entrepreneuriat.
« Le développement économique de nos braves femmes impactera la croissance de notre pays. »
En dehors des financements, quels sont les accompagnements que le FAARF offre aux femmes?
Il faut dire que la mission essentielle du FAARF est l’accompagnement financier des femmes pour booster leurs AGR. Cela se fait à travers les crédits et les formations au profit des femmes. Comme nous l’avons déjà dit, la formation de ces bénéficiaires en Marketing, éducation financière constitue un accompagnement considérable. Toutefois, le FAARF développe des partenariats avec d’autres institutions pour mieux accompagner les bénéficiaires afin de leur éviter de retomber dans la précarité économique. C’est en cela aussi notre raison d’être : qu’à travers notre appui, la femme puisse constater un impact positif lui permettant de participer à la production de la croissance économique du pays à quelque niveau qu’elle soit. Tous nos partenariats visent à accompagner nos femmes bénéficiaires dans les domaines qui ne sont pas de notre compétence. Je veux citer, par exemple, la microassurance qui aide les femmes à se prémunir des risques liés aux forces majeures et faits sociaux qui peuvent les affecter pendant le remboursement des crédits.
« La synergie d’actions est indispensable à la croissance économique. »
Que souhaitez-vous ajouter, en particulier , pour terminer?
Where there is a will, there is a way, c’est-à-dire, là où il y a la volonté, il y a la possibilité. Les femmes sont battantes et travailleuses. L’investissement en la femme n’est jamais une perte. Nous croyons que le développement économique de nos braves femmes impactera la croissance de notre pays. Ne pas négliger les faibles commencements est notre credo. Les microcrédits offerts par notre institution soutiennent les petites activités des femmes qui grandiront et connaitront une expansion positive. Nous profitons de ce canal alors pour féliciter toutes les femmes du Burkina Faso, nos mères, sœurs et filles et particulièrement celles qui, malgré la situation sécuritaire très délétère du pays, ont su développer des stratégies de résilience pour pouvoir continuer à impacter la croissance économique à travers leurs AGR et autres initiatives
endogènes. Nous croyons aussi que la synergie d’actions est indispensable à la croissance économique d’où l’importance capitale de chaque banque, chaque SFD, chaque fonds national de financement, chaque structure d’accompagnement. La consolidation de nos acquis et notre synergie dans l’action sont impératives si nous voulons progresser et voir un changement radical. Notre souhait est le retour rapide à la stabilité socio-sanitaire et sécuritaire d’antan afin que la femme burkinabè rurale et urbaine continue à jouer son rôle d’actrice de développement pour un monde harmonieux. À nos autorités gouvernementales, nous souhaitons que la cause de la femme soit toujours au centre des décisions les plus urgentes et fondamentales pour lui permettre de jouir pleinement des fruits du développement du Burkina Faso. Longue et utile vie à la femme battante et résiliente ; Dieu protège notre pays le Burkina Faso. Je vous remercie.
Rédaction