Le vendredi 1er août 2025, Thoth Media Research Institute (TMRI) a tenu une conférence de presse-restitution pour présenter son premier rapport d’étude portant sur le thème de la désinformation. Ce fut en présence d’hommes et femmes de médias, des enseignants et chercheurs ainsi que des étudiants en sciences de l’information et de la communication.

Créé en 2024, TMRI est un groupe de réflexion constitué de chercheurs burkinabè “axé sur l’analyse des données des médias en Afrique de l’Ouest”. Avec son siège à Ouagadougou, il se veut une réponse au besoin de recherche endogène sur les médias en Afrique, en parallèle au narratif scientifique sur ce domaine, majoritairement produit par des entités étrangères. Ainsi, changer la perception sur l’information en Afrique de l’Ouest, notamment “en renforçant les capacités des acteurs locaux” est un des défis de l’équipe, selon le Docteur Lassane Ouédraogo, président de TMRI.

Quelques membre de TMRI- ©JA

Ce premier cadre d’échange a servi de présentation officielle de la structure assortie de la restitution d’un rapport d’étude sur le phénomène de la désinformation. Pour le président, l’ambition affichée est claire : « être une structure de référence au Burkina et dans la sous-région ». Cela est d’autant plus essentiel surtout dans un contexte où « il y a très peu de recherches qui se consacrent exclusivement aux médias », a-t-il renchéri.

Les Burkinabè savent ce qu’est la désinformation
Dr Lassane Ouédraogo, président de TMRI –©JA

L’une des données de cette étude menée de juin à juillet 2024, révèle que la population est assez bien avertie sur la question de la désinformation. En effet, les 61 personnes enquêtées dans 7 villes du Burkina Faso en ont donné, pour la plupart, “une définition assez acceptable” en identifiant en plus les formes de désinformations qui existent. Traduit en plusieurs langues locales selon les différentes régions de la zone d’étude, le questionnaire administré par les enquêteurs a permis de relever également le niveau de connaissance des populations sur les enjeux de la désinformation, surtout dans le contexte de crise que le pays traverse.

Ainsi, les Burkinabè estiment que les causes de la désinformation sont aussi bien individuelles que politiques, avec des conséquences sur les plans politique, économique, culturel, social, sanitaire et sécuritaire. Face à la perte de valeurs, à la fuite des investisseurs, à la démoralisation des troupes au front, à la méfiance et aux conflits sociaux que cette désinformation engendre, des pistes de solutions ont été proposées.

Des recommandations pour faire face au fléau

Si certains des enquêtés préconisent les sanctions envers les fautifs, d’autres prônent la sensibilisation et la centralisation de l’information par l’État ; d’autres encore, bien moins nombreux, militant purement et simplement pour la suppression de la démocratie. Après analyse de toutes les recommandations faites, les chercheurs en sont arrivés à deux conclusions.

Dr Lacina Kaboré, représentant le parrain- ©JA

Primo, la lutte contre la désinformation repose sur une volonté politique car, c’est aux dirigeants d’imprimer la marche à suivre afin de contenir, prévenir les effets néfastes multiples de ce phénomène. Secundo, en termes de moyen d’action, TMRI retient que cette lutte doit passer par le renforcement des programmes d’enseignement, afin d’outiller davantage les citoyens sur la question.

Une activité utile à plusieurs titres

Dans les échanges survenus après la présentation du rapport, les participants ont félicité l’équipe pour cette étude au regard de son utilité pour les décideurs. Les chercheurs ont pris l’engagement de renforcer les analyses avec les apports qui ont été faits afin de la dernière version du rapport soit plus enrichie en données scientifiques sur la désinformation au Burkina Faso.

Représentant le Directeur de l’école doctorale Lettres sciences humaines et communication (Leshco), Professeur Gabin Korbéogo, parrain de l’activité, le Docteur Lacina Kaboré y trouve un double intérêt.  « La recherche et l’enseignement sont les deux mamelles de notre travail à l’université. La recherche enrichit nos cours, nos cours aussi constituent des pistes de production d’articles à vulgariser », a-t-il expliqué

Ainsi, en tant que membre de ce groupe de réflexion et Directeur de l’Institut panafricain d’étude et de recherche sur les médias, l’information et la communication (Ipermic),il a souligné la pertinence de la thématique abordée eu égard à son actualité. Pour lui, TMRI est une opportunité de collaboration institutionnelle pour l’université et de formation pour les étudiants, spécifiquement pour les doctorants.

Quelques participants à la conférence de presse-restitution sur la désinformation- ©JA

“Apprendre à maitriser ou à apprivoiser le terrain de la collecte des données”, voici en quoi les étudiants peuvent bénéficier de TMRI, qui pourrait à l’avenir « encadrer des doctorants en thèse selon les axes thématiques qui l’intéressent ». Tout ceci sera fonction des opportunités en présence et auxquelles les potentiels bénéficiaires devront être attentifs sur les plateformes d’appels à candidatures.

Davy Soma